Lorsqu’il fait visiter le collège Claude-Debussy, aux lisières d’Angers, son principal, Eric Gauthier, est fier de montrer sa nouvelle cour avec les bancs qui absorbent le bruit, les arbustes qui apportent de l’ombre et cloisonnent les espaces ou la mare aux grenouilles qui a pris place devant l’entrée principale. Cour végétalisée, classe orchestre, section anglais-chinois… Eric Gauthier use de toutes les cordes de son arc de principal pour rendre son collège, qui compte aujourd’hui 430 élèves, attractif.
Dans la « sphère concurrentielle » que représente l’éducation à Angers, il en est même venu à organiser des journées portes ouvertes pour les parents d’élèves de CM1. Une « course à l’échalote » à laquelle il se sent contraint. Selon ses estimations, « près de la moitié » des élèves de CM2 du secteur ne franchissent jamais les portes de son établissement. La plupart vont dans les collèges privés des alentours. Tradition historique oblige, le Maine-et-Loire compte un grand nombre de collèges privés sous contrat, quasi exclusivement catholique, qui scolarisent près de la moitié des élèves.
Alors, à l’heure où les réputations d’établissement se défont bien plus rapidement qu’elles ne se construisent, « l’enjeu principal reste de sécuriser les parents », assure ce chef d’un établissement qui a longtemps eu l’image d’un « collège de bagarreurs » et qui le paie encore aujourd’hui. L’ouverture du collège Saint-Aubin, à quelques encablures de là, il y a près de dix ans, a représenté un coup dur. « Nos effectifs ont fondu d’une année sur l’autre, avec, outre un effet négatif sur la mixité sociale, des conséquences néfastes sur la mixité de genre : les garçons restaient dans le public quand les filles allaient dans le privé », relate le principal, qui rétablit l’équilibre année après année.
Frédéric Moureaux, le directeur de Saint-Aubin, situé dans la commune de Verrières-en-Anjou « à cinquante mètres du panneau Angers », confirme ces « stratégies d’évitement » au profit de son collège de près de 500 élèves, qui a ouvert une quatrième classe de 6e il y a quatre ans. Aujourd’hui, 60 % de ses élèves de 6e proviennent des écoles publiques alentour et « peu » mettent en avant le projet catholique de l’établissement lors de l’inscription.
« Les parents sont très consuméristes »
Les indices de position sociale (IPS) – cet indicateur conçu par le ministère de l’éducation nationale pour mesurer le profil social d’un établissement – s’en ressentent. Pourtant situés à un kilomètre l’un de l’autre, Claude-Debussy affiche 90 quand Saint-Aubin est à 112.
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