De jeunes joggeurs en tablier noir arpentent le centre-ville d’Amboise (Indre-et-Loire), les yeux rivés sur leurs plateaux de verres d’eau, qu’ils ne doivent surtout pas renverser. Depuis un petit train, des touristes étrangers applaudissent l’animation. Sans doute assistent-ils, en ce samedi 15 avril, à leur première course de filles et de garçons de café, organisée par les restaurateurs et hôteliers locaux. L’ambiance est festive, mais l’objectif est sérieux : convaincre la jeunesse locale d’embrasser le travail saisonnier dans la restauration. Et ce n’est pas gagné.
Une heure plus tôt, ces mêmes professionnels organisaient un « job dating » au théâtre d’Amboise, pour recruter leur personnel d’été. Une opération de séduction pour des candidats moins qualifiés qu’il y a quelques années. « Désormais, on voit beaucoup de lycéens… On doit s’adapter », observe Chloé Delaygue, gérante du restaurant La Terrasse, à Amboise. Le job dating est une solution : il permet aux candidats de rencontrer directement les employeurs. « Pour un jeune qui débute, c’est moins difficile que de faire une candidature par mail. Les plus âgés, eux, n’ont même plus besoin de se déplacer. Avec la pénurie, ils savent que les restaurateurs leur répondront tout de suite. »
De stand en stand déambule Clara, 17 ans, baskets blanches, veste noire et chevelure dorée. Elle cherche une première expérience en cuisine, et elle est accompagnée par sa mère, agente de restauration scolaire : « Quand j’avais son âge, j’ai passé un été à castrer du maïs. Il n’y avait pas autant d’opportunités », annonce-t-elle. Plus loin, Lucas, 17 ans lui aussi, distribue son C.V. L’an dernier, il travaillait comme serveur dans une brasserie d’Amboise. Il servait de l’alcool et travaillait tard, ce que son âge interdit. Son patron s’était fait remonter les bretelles… par sa mère, qui veille aussi sur le bulletin de salaire de son fils. « Je suis vigilante sur le paiement des heures supplémentaires, dit celle-ci. Même si depuis que le personnel est rare, les abus ont tendance à disparaître. Il était temps… »
« Les abus ont tendance à disparaître »
Alors que les employeurs d’hôtel, de restaurant, de camping ou de sites touristiques poursuivent, en ce mois d’avril, leurs recrutements de saisonniers d’été, beaucoup ont engagé des transformations pour se rendre plus attractifs, et offrir des conditions de travail plus « cadrées ». Ils sont au pied du mur, alors que la jeunesse a tendance à se détourner de ces professions, et de ce type de contrats courts.
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