Enseignement supérieur : les bachelors valent-ils le coût ?

Les bachelors proposés par les grandes écoles de commerce et d’ingénieurs peuvent être des alternatives aux licences et aux BUT proposés par les universités. Malgré leur coût élevé, ils séduisent de plus en plus d’étudiants.

Au moment de choisir des études supérieures, nombreux sont les étudiants à se tourner vers un bachelor. Tima Miroshnichenko
Au moment de choisir des études supérieures, nombreux sont les étudiants à se tourner vers un bachelor. Tima Miroshnichenko

    Avec leur nom qui fleure bon les universités américaines, les bachelors ont débarqué il y a déjà une vingtaine d’années dans les plaquettes des écoles privées de commerce et de management. Après des débuts un peu confidentiels, l’offre de ces diplômes post bac en 3 ou 4 ans est aujourd’hui florissante, mais inégale en termes de qualité et de possibilité d’insertion professionnelle.

    A la rentrée 2021, la transformation des anciens « diplômes universitaires de technologie » (DUT, en 2 ans), en « bachelor universitaire de technologique » (BUT, en 3 ans), a pu ajouter à la confusion chez les lycéens à la recherche d’une formation post-bac spécialisée, professionnalisante, et « courte ». Or, si les BUT proposés par les universités ont bien évidemment le grade de licence et permettent la poursuite d’études en master, ce n’est pas le cas de tous les bachelors proposés dans l’enseignement supérieur privé.

    « On n’achète pas que des cours, mais aussi l’image d’une grande école »

    En effet, le bachelor n’est pas, contrairement à la licence, un diplôme d’État. Ce n’est pas non plus un titre protégé. Pour aider leurs futurs étudiants à bien choisir leur diplôme, depuis 2019 les écoles de management et d’ingénieurs membres de la Conférence des grandes écoles ont la possibilité de demander le grade de licence pour leur bachelor, sous réserve de remplir un certain nombre de critères liés à la sélection des candidats, au profil des enseignants, à leur engagement dans la recherche, etc. Une bonne garantie qui booste l’intérêt des étudiants pour ces formations vues comme une alternative moins théorique que les classes prépas, aussi professionnalisantes que les BUT, mais avec des réseaux d’alumni plus actifs que ceux des universités.



    C’est notamment cette perspective d’intégrer un réseau d’anciens dynamique qui a convaincu Jules, 23 ans, de choisir le bachelor cybersécurité de l’ESIEA, certifié par la commission des titres d’ingénieurs: « Certes, c’est cher, 6500 euros par an, mais le contenu des cours me plait, et en intégrant une école comme celle-ci, qui appartient à ses diplômés, j’ai accès à un grand réseau d’alumni qui est sûrement très efficace ».

    « On n’achète pas que des cours, mais aussi l’image d’une grande école », ajoute Killian, 23 ans, en première année du bachelor business administration (BBA) de la South Champagne Business school (ex ESC Troyes). De plus, nous ne sommes que 17 dans ma classe, les professeurs sont très disponibles pour chacun ». Même si les promos de BUT sont parfois tout aussi réduites pour un tarif bien moins élevé (170 euros par an), ces bons points, outre les moyens des écoles pour communiquer, expliquent le succès des bachelors des grandes écoles. Ainsi chez Rennes School of business, les effectifs ont doublé en 5 ans, passant de 500 étudiants inscrits en BIM (bachelor in management) en 2017/2018, à près de 1000 étudiants aujourd’hui.

    Expérience pro et internationale pour tous

    Pour tenir leur promesse de diplôme professionnalisant, outre le recours à des professionnels pour assurer une partie des cours en plus des professeurs permanents, les bachelors des grandes écoles proposent tous des périodes de stages plus ou moins longues, éventuellement à l’étranger. Pyrahn, 20 ans, en 2e année du BBA Big data et management, co-construit par Centrale Nantes et Audencia, savoure cet aspect : « Avant d’arriver pour un semestre à Casablanca, où je suis depuis janvier, j’ai fait un stage à Taïwan en 1ere année, et l’année prochaine je vais aller étudier un semestre en Pologne ».

    Certains bachelors proposent aussi de suivre une année ou deux en alternance, généralement la dernière, comme l’école d’ingénieurs ECE pour la 2e année de son bachelor orienté sur les métiers de l’informatique. Parfois l’alternance est imposée sur les trois années du bachelor : c’est le cas à l’école d’ingénieurs CESI, pour ses quatre bachelors en sciences et en ingénierie, avec un succès grandissant sur Parcoursup, selon Morgan Sauveuse, le directeur des programmes grande école et grade de licence.

    Pas toujours simple de décrocher une entreprise. À l’ESIEA, Jules constate : « Beaucoup d’employeurs ne connaissent pas encore ce bachelor, lancé en 2021, et cherchent plutôt des étudiants qui préparent un bac+5. Mais je ne suis pas inquiet, je vais trouver. L’alternance va aussi me permettre d’économiser les frais de scolarité de la 3e année, et de rembourser le prêt que j’ai fait pour financer les deux premières années ».

    Un coût discriminant

    Car si les bachelors semblent trouver leur public, cette offre alternative a un coût élevé : de 6000 euros à 10 000 euros les frais de scolarité par an. Outre l’alternance, pour atténuer la dépense, certaines écoles, comme Rennes SB, proposent des bourses internes, qui couvrent une petite partie des frais pour une minorité d’étudiants. Reste que si l’étudiant en bachelor poursuit en master dans une grande école, il lui en coûtera entre 30 000 à 50 000 euros en tout - or une grande majorité des étudiants, toutes spécialités confondues, choisit justement de prolonger ses études jusqu’au master.



    « Les bachelors sont conçus pour permettre l’insertion professionnelle à bac+3 », souligne Imed Boughzala, directeur des Formations Initiales à l’IMT-Business school, « mais la culture française, contrairement à la culture nord-américaine, pousse à prolonger les études pour avoir un diplôme et un salaire plus élevé ». Ainsi dans les deux dernières promotions de bachelor de l’IMT-BS, seulement 2 diplômés sur 48 en 2022, et 7 sur 42 en 2021, ont choisi de se lancer, avec succès, sur le marché du travail. Tous les autres ont poursuivi en master dans leur école d’origine ou bien dans une autre, éventuellement mieux classée, si ce critère est important pour eux.

    Mais attention, l’admission en master après un bachelor de grande école n’est pas automatique, y compris pour ceux qui souhaitent rester dans leur école, comme l’explique Noémie Desprez, de Rennes SB : « Pour intégrer un programme grande école en master, ils devront passer par les concours d’admission parallèles, tout comme les titulaires de licence ou de BUT ».

    Cependant, pour les quelques « originaux » qui tentent l’insertion professionnelle post bac+3, l’accueil du marché du travail est bon, selon Frédéric Laurent, directeur de RH consulting, qui recrute pour des fonctions commerciales, techniques, et de management : « Avec un taux de chômage à 7,2%, les recruteurs ont du mal à trouver des candidats, et sont devenus moins exigeants sur le niveau de diplôme, surtout quand il a été obtenu dans une école de la CGE. De plus, les diplômés de bachelor sont souvent très bien préparés à la recherche d’emploi, ils savent se présenter, argumenter, ce qui est un atout pour un jeune diplômé, qui ne sera pas recruté sur ses compétences mais sur son adaptabilité ». Encore un bon point pour les bachelors.

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