Le coliving, entre méga coloc et coloc de luxe, une alternative à la résidence étudiante (privée)

En additionnant les coûts, la facture d’un logement étudiant peut vite grimper. Le coliving, qui réunit une dizaine de colocs dans d’immenses maisons rénovées, propose des packs all inclusive.

Avec des tarifs similaires, voire inférieurs à celle du résidence étudiante, le co-living est une alternative quand on cherche un logement tout compris. freepik
Avec des tarifs similaires, voire inférieurs à celle du résidence étudiante, le co-living est une alternative quand on cherche un logement tout compris. freepik

    « Je cherchais forcément une colocation, j’avais logé dans des résidences et des internats au Québec, je ne voulais pas quitter ce mode de vie en communauté ». Quand Guillaume est rentré en France en juin 2022, il a cherché à se loger en région parisienne. « J’avais fait collège et lycée dans les Yvelines, je connaissais le prix de l’immobilier à Paris et ses petites surfaces. » Par hasard, sur La carte des colocs, il tombe sur une proposition de communauté dans une grande maison en banlieue avec un jardin, mais il la trouve « un peu fouillis » : « Je ne connaissais pas le concept », se rappelle-t-il. Il échange avec la boîte chargée de la maison et saute le pas.

    Aujourd’hui, il habite avec 12 autres colocs dans une immense maison à Maisons-Alfort, au pied du métro. « C’est sûr qu’il y a plus de rotation à 13 qu’à 3, mais c’est bien pris en compte », sourit-il.

    En 2021, 46 % des 734 000 étudiants parisiens n’habitent pas chez leurs parents, plus de la moitié dans les autres grandes villes en France, d’après l’Insee. Avec 174 000 chambres seulement en cité U, une grande majorité des étudiants est contrainte de se tourner vers le parc locatif privé. Depuis une dizaine d’années se développent d’autres formes d’habitat. Parmi elles, le coliving, à cheval entre la coloc géante et la communauté thématique, all inclusive, à des tarifs similaires à certaines résidences étudiantes privées. « Nous, on l’appelle plutôt le cool living », plaisante Alexis Ducoulombier, qui a monté IvyNest avec son ami d’enfance, Luke Toulemonde.



    Leur entreprise, née en 2021, gère une quinzaine d’immenses maisons dans la banlieue lilloise, une spécifiquement réservée aux étudiants dans le centre de Lille. À 27 ans tous les deux et tout juste sortis de l’IAE et de l’EDHEC, ils ont construit leur offre en partant de leur propre expérience, parfois compliquée, de la colocation et de la recherche d’appartement : « On propose aux étudiants et jeunes actifs d’accéder facilement et rapidement à un logement, parfois en 3 jours », sourit Alexis. Le principe est simple, ils font rénover d’immenses maisons pour le compte de leurs propriétaires et constituent ensuite des colocations modernes et plus spacieuses que des colocs classiques, proportionnelles à la grande taille des pavillons.

    Des tarifs tout compris

    Ils ne sont pas seuls sur le marché et de nombreuses villes commencent à disposer d’appartements totalement repensés et rénovés : Paris et banlieue bien sûr, Angers, Toulouse, Marseille, Lille ou encore Rennes, les initiatives se multiplient. La Casa, 400 colocataires répartis dans 30 maisons dans toute la région parisienne, est l’un des grands du secteur. Les maisons, de 400 m2 habitables, accueillent en moyenne 12 colocs. « Elles ont un jardin, et chacun dispose de sa propre salle de bain et de toilettes », précise Laetitia Bardet, responsable marketing de La Casa, chez qui les étudiants représentent environ 10 % des colocs.

    « Le jardin fait 280 m2 et est super bien aménagé, on a une terrasse en bois, un salon, une cuisine extérieure avec une plancha et quatre zones affectées au potager », énumère Guillaume. Des prestations qui ont un coût, mais qui correspond à certains budgets pour se loger. En 2022, celui des étudiants atteignait 786 euros en région parisienne, 858 à Paris intra-muros, et 613 euros en moyenne en France selon l’agence LocService. En coliving, la facture pour une chambre varie entre 835 et un peu plus de 1 000 euros par mois à La Casa en région parisienne. À partir de 620 euros pour une chambre dans une maison rénovée par IvyNest à Roubaix, à deux pas de l’EDHEC.

    Des tarifs justifiés par le contenu du pack de services. « Le montant tient compte de l’assurance, de l’électricité, d’évènements mensuels, d’un dîner livré pour qu’ils cuisinent ensemble tous les quinze jours, d’un abonnement sportif, d’un fond de courses pour l’huile, le papier toilette, du ménage, d’internet, Netflix, Spotify et Canal + », énumère Laetitia Bardet de La Casa.

    « C’est difficile de se loger dans une grande ville »

    À ce pack global s’ajoute un petit plus chez certains, un équipement en lien avec la thématique générale de la maison. « L’idée c’est que nos maisons fédèrent une communauté de gens qui ont un intérêt commun », poursuit la responsable marketing. Ainsi la maison « sport-wellness » dispose d’une salle de sport et d’un sauna, la maison cinéma d’une salle de projection avec grand écran pour regarder des films à 10 ou 15 personnes. « Nos colocataires veulent avant tout rencontrer de nouvelles personnes et créer du lien social, c’est difficile de se loger dans les grandes villes et beaucoup de gens souffrent d’isolement. Les colocataires qui nous rejoignent sont des personnes qui vivent seules une période de transition (emménagement à Paris, rupture amoureuse) », précise Laetitia Bardet, « pour les étudiants, ils viennent de quitter le domicile familial ou vont avoir leur premier job ».

    Et tout est bon pour faire sortir les colocataires de leur isolement : évènements entre les maisons, « même s’ils font régulièrement des soirées sans nous », constate Laetitia Bardet, des afterworks tous les deux mois dans Paris, mais pas seulement. « On fait aussi des évènements thématiques sur des thèmes choisis par les colocs. Par exemple, on a organisé une préparation du semi-marathon avec un expert coaching et on a couru le semi avec une team motivée… ou encore une journée retrogaming avec mise à disposition des premières consoles et un gros tournoi Mario Kart sur grand écran. » Les thèmes ne sont pas seulement festifs puisqu’ils ont aussi organisé un atelier Fresque du climat et une collecte de nourriture pour les banques alimentaires ; « On a récolté 400 kg », se félicite Laetitia Bardet.



    L’aspect communautaire, c’est aussi ce que développe IvyNest. « On choisit les habitants, on s’occupe de la gestion locative, mais pas seulement : on anime la communauté et on propose des services supplémentaires », explique Alexis Ducoulombier. Pour que la communauté se crée, le processus de sélection est bien rodé : les candidats « doivent avoir à peu près le même âge et faire à peu près les mêmes choses. En postulant, ils accèdent à la description des autres colocataires. L’idée c’est qu’ils restent le plus possible et qu’ils se créent un réseau », conclut Luke Toulemonde. Un point de vue que partage aussi Guillaume : « J’avais pris ma place en me disant que j’allais tenter un an et voir ce que ça donne, mais ça me plaît beaucoup ! Je ne me vois pas partir de suite ! »

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