Remboursement intégral du fauteuil roulant, investissement de 1,5 milliard d’euros dans l’accessibilité, évolution des conditions de travail du personnel accompagnant à l’école les enfants en situation de handicap… « Soixante-dix mesures fortes », à décliner « rapidement », ont été annoncées, mercredi 26 avril, lors de la sixième conférence nationale du handicap, organisée à l’Elysée. L’événement, qui a lieu tous les trois ans, est censé fixer un cap des politiques en matière de handicap – 12 millions de Français et 8 millions d’aidants sont concernés.
Il était cette année boycotté par plusieurs associations, qui lui reprochaient son « manque d’ambition » et sa méthode. A l’issue, c’est le « flou » entourant les annonces qui était souligné par ces dernières. « Beaucoup de choses sont restées dans le registre de la déclaration d’intention, avec peu d’annonces concrètes sur les délais et sur le budget », regrette ainsi Arnaud de Broca, le président du Collectif Handicaps, qui regroupe cinquante-deux associations, à l’origine du boycott.
Réunissant un aréopage de ministres, la conférence s’est conclue par une allocution du président de la République. Emmanuel Macron a entre autres abordé le sujet de l’école inclusive, dont le gouvernement avait promis un « acte II ». Les enfants en situation de handicap, accueillis à l’école depuis la loi de 2005, sont désormais 430 000 à fréquenter un établissement scolaire – un chiffre en forte augmentation sur les six dernières années, s’est félicité M. Macron, soulignant que « jamais il n’y avait eu autant d’enfants en situation de handicap à l’école ».
Statut très précaire des accompagnants
Cette inclusion progressive ne doit toutefois pas masquer les difficultés nombreuses que rencontrent ces enfants et leurs familles. En cause, notamment, le statut très précaire des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), des professionnels dont beaucoup de familles sont par ailleurs privées. Ne bénéficiant d’aucun statut de la fonction publique, 80 % des AESH sont en CDD, la quasi-totalité à temps partiel, car l’Etat ne peut les embaucher que sur le temps scolaire (vingt-quatre heures maximum en primaire). Leur rémunération s’élève en moyenne à 800 euros par mois.
Pour pérenniser davantage ces emplois, le chef de l’Etat a assuré qu’un protocole serait prochainement conclu avec les collectivités locales, afin que des contrats de trente-cinq heures, incluant les temps méridiens et périscolaires à la charge des collectivités, puissent être proposés à ces professionnels. Cet engagement se heurte cependant à plusieurs écueils, en premier lieu d’ordre financier. « Si l’Etat ne nous accompagne pas sur le financement, il ne sera pas possible de proposer trente-cinq heures à tout le monde, car nos budgets sont déjà très contraints par l’inflation », assure Delphine Labails, maire socialiste de Périgueux et coprésidente de la commission éducation de l’Association des maires de France.
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