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Le désarroi des étudiants vétérinaires : « On nous apprend à bosser comme des tarés »

En école vétérinaire, les jeunes dénoncent des rythmes de travail effrénés et remettent en question les pratiques et l’éthique de leur métier.

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Publié le 02 mai 2023 à 06h00, modifié le 03 mai 2023 à 22h08

Temps de Lecture 6 min.

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« Tes vacances se sont bien passées ? » De retour à l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) après deux mois d’arrêt médical à la suite d’une dépression et d’un burn-out, Jade (les prénoms seuls ont été modifiés) a essuyé moqueries et commentaires réprobateurs du corps enseignant : « J’ai vite compris qu’on ne voulait plus de moi, on considérait que je n’étais pas capable de supporter la pression. » La jeune femme de 24 ans a mis entre parenthèses ses études : « En école vétérinaire, la pression et la charge de travail sont énormes. On est amenés à côtoyer la mort, à la donner parfois lorsqu’on euthanasie les animaux. A aucun moment, on ne nous propose un soutien psychologique, ni de mettre des mots sur nos difficultés. Je ne pense pas y retourner. »

Jade se sent peut-être seule, mais son cas est loin d’être isolé. D’après une enquête sur le bien-être étudiant, menée en 2022 par l’Association internationale des étudiants vétérinaires Nantes et Vétos-Entraide, 15,4 % des étudiants songent parfois, voire de nombreuses fois, à abandonner leurs études. Les témoignages de ce rapport, qui a reçu 852 réponses d’étudiants issus des quatre écoles vétérinaires françaises sur une population totale d’environ 3 300 étudiants, sont particulièrement forts. « Insomnies, angoisse, stress presque paralysant en temps de partiels, déprime, burn-out (réel, alors que je suis en 2e année), etc. » ; « Dans mon école, il y a eu une tentative de suicide. Beaucoup d’étudiants souffrent, et pourtant j’ai l’impression que c’est devenu une convention sociale et juste un fait à accepter » ; « On nous apprend à bosser comme des tarés et à limite remercier de nous autoriser à travailler autant ».

Le rythme effréné est la principale difficulté pointée par les étudiants, note le rédacteur du rapport, le vétérinaire Thierry Jourdan : « Ils ingurgitent une somme de connaissances invraisemblables, ils sont sous pression. En clinique, on est même dans l’illégalité : dans de nombreux témoignages, on lit qu’en cas d’accident du travail, ils falsifient les déclarations pour ne pas montrer qu’ils ont dépassé les horaires admis. »

En vase clos

La question du surmenage est également évoquée dans une autre enquête, menée en 2022 par la Synergie des étudiants vétérinaires de Toulouse (Synevet) auprès des étudiants de l’école vétérinaire toulousaine. Sur les 268 réponses recueillies (sur une communauté de 800 étudiants), « près de la moitié des répondants évoquent un épuisement physique et émotionnel, principalement lié au volume horaire, à la charge de travail et au manque de sommeil », résume Duncan Lovera, président du Synevet.

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