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Dans les écoles vétérinaires, l’héritage patriarcal pèse sur les jeunes femmes

Alors que la profession s’est massivement et rapidement féminisée depuis plus de vingt ans, les jeunes vétérinaires peinent à faire évoluer les biais de genre.

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Publié le 03 mai 2023 à 06h30, modifié le 03 mai 2023 à 11h40

Temps de Lecture 2 min.

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Etudiante en cinquième année à l’école vétérinaire de Toulouse, Flora (le prénom a été modifié) rêve de travailler en « rural ». Alors que les déserts vétérinaires se multiplient, son profil est précieux pour la profession. C’est pourtant avec scepticisme que la jeune femme de 24 ans a été accueillie lorsqu’elle est partie, à l’hiver 2022, effectuer des prises de sang dans un élevage bovin : « Les éleveurs ont fait une drôle de tête quand ils ont vu arriver une fille pour s’occuper de ce travail relativement compliqué, car on doit effectuer des prises de sang à la chaîne. En rural, un vétérinaire n’a pas le droit à l’erreur, et une femme encore moins. » Flora regrette l’absence de débats sur ce sujet : « A l’école, comme les promotions sont très majoritairement féminines, on fait comme s’il n’y avait pas de biais de genre, alors que c’est faux. »

Longtemps masculine, la profession a commencé à se féminiser dans les années 1980, rappelle Nicolas Fortané, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. « On atteint une bascule dans les années 2000, où les femmes représentent 50 % des candidats admis au concours d’entrée dans les écoles vétérinaires. Aujourd’hui, on est autour de 80 % de femmes. » Cette bascule démographique est vite pointée du doigt.

Muriel Surdez s’est intéressée à la féminisation de la profession en 2006, à la demande de la Société des vétérinaires suisses : « Les professionnels suisses étaient frappés, et inquiets, de voir que les amphithéâtres étaient essentiellement peuplés de jeunes étudiantes. Pour eux, la féminisation posait problème, notamment parce qu’ils avaient l’idée que les femmes n’iraient pas en rural. » La sociologue suisse explique que la désertification vétérinaire n’est pas le fait des femmes, mais des aspirations différentes de la nouvelle génération, issue des classes urbaines et éduquées, qui veulent avoir accès à des services publics et à certains loisirs moins accessibles à la campagne : « Les jeunes hommes qui arrivent sur le marché du travail n’aspirent pas non plus à s’installer en rural. Pourtant, ces biais sont difficiles à déconstruire. »

Collectifs féministes

La profession a également du mal à reconnaître le travail invisible longtemps effectué par les femmes, note Nicolas Fortané : « Historiquement, les cabinets vétérinaires tournaient en partie grâce au travail des conjointes, qui s’occupaient de la comptabilité et de l’administration. Aujourd’hui, quand une femme reprend un cabinet, elle ne bénéficie pas du travail invisible de son partenaire. »

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