Transports : ceux qui peuvent prennent le train

Les prix des billets mais aussi l'accessibilité, dans certains territoires, constituent les principaux freins à l'usage du train selon un sondage Harris Interactive commandé par le Réseau Action Climat dont les résultats ont été publiés ce 26 avril.

"Si 83% des Français reconnaissent le bénéfice écologique du train, le prix du billet reste selon eux le premier obstacle à une plus forte utilisation de ce mode de transport", constate le Réseau Action Climat, au vu des résultats d'un sondage* commandé à Harris Interactive qu'il a publiés ce 26 avril.

D'emblée se dessine un "regard ambivalent" au sujet du train, note le réseau, qui fédère les associations impliquées dans la lutte contre le dérèglement climatique. Les termes les plus spontanément employés par les répondants pour évoquer le train sont "retard", "grèves", "rapide", "voyage", "pratique". Une personne interrogée sur deux (50%) pense que les trains ne respectent pas les horaires, et 40% seulement les jugent économiques par rapport à d'autres modes de transport. Une proportion qui passe à respectivement 46% et 54% quand on n'interroge que les usagers du train, qui le trouvent rapide (88%), écologique (87%), sûr (87%), pratique (87%) et agréable (83%). Au cours des trois dernières années, 53% des personnes interrogées estiment que les billets ont augmenté, dont 58% des usagers du train, un sentiment davantage partagé dans les grandes agglomérations.

"Très fortes disparités territoriales"

"Bien que près de 8 Français sur 10 disent prendre le train au moins une fois de temps en temps, son usage reste néanmoins marqué par de très fortes disparités territoriales", souligne le Réseau Action Climat. En général, 33% des répondants trouvent leur commune mal desservie par le train. Si 81% des habitants des grandes agglomérations s’estiment bien desservis par le train, ils sont uniquement 35% dans les zones rurales et 45% dans les petites agglomérations. "Cette difficulté d’accès au train semble aller de pair avec un accès limité aux gares et notamment la difficulté à se déplacer autrement qu’en voiture pour rejoindre puis quitter la gare, relève-t-il. Le besoin d’une voiture pour se déplacer depuis la gare d’arrivée apparaît ainsi comme étant une des principales raisons poussant les Français à ne pas prendre le train alors qu’il serait possible pour eux de l’utiliser". Sur l'évolution au cours des dernières années de l'offre de trains au sein de la gare la plus proche de chez eux, un tiers des personnes interrogées estiment qu'il y a eu une amélioration, un tiers que rien n'a changé et un dernier tiers une dégradation, qu'il s'agisse des trajets, de l'accessibilité de la gare ou du respect des horaires.

Interrogés sur l'usage personnel qu'ils font du train, 78% des répondants disent prendre un train "au moins de temps en temps", une proportion qui monte à 84% chez les moins de 35 ans et à 91% en région parisienne. Parmi les motivations, le sondage donne dans l'ordre le côté pratique (53%), la rapidité (47%), le côté écologique (44%) et le prix plus avantageux (43%). A contrario, le train n'est pas choisi pour les déplacements de loisirs, alors que des liaisons existent, par 38% des répondants parce qu'une voiture est nécessaire une fois à destination, une proportion qui monte à 47% en zone rurale. Le prix du billet vient loin derrière.

Les personnes interrogées ont en tout cas de fortes attentes à l’égard des pouvoirs publics pour pouvoir prendre davantage le train. Seul 1 Français sur 2 estime ainsi que l’État est suffisamment engagé pour en promouvoir l’usage. Pour l'utiliser davantage, 58% des personnes interrogées attendent des prix plus bas, 43% des trains davantage à l'heure et 34% plus de fréquences.

Baisse du prix des billets très attendue

Les répondants plébiscitent l'ensemble des mesures proposées pour abaisser le prix des billets, en particulier la mise en place de réductions exceptionnelles lors d'une crise énergétique (86%) ou encore l'instauration d'un prix fixe pour chaque trajet (84%). Même s'ils connaissent peu les systèmes de forfaits uniques instaurés ailleurs en Europe (les "tickets climat" comme en Allemagne ou en Autriche), ils sont à 84% favorables au dispositif qui permet de donner un accès illimité à certains trains. "En pleine crise du pouvoir d’achat et alors que l’expérimentation d’un titre unique pourrait débuter dès la fin de l’année, le gouvernement doit également s’emparer rapidement de la problématique du prix du train et engager une discussion avec les régions pour avancer sur la mise en place d’un ticket climat régional", estime Valentin Desfontaines, responsable mobilités durables au Réseau Action Climat.

*enquête réalisée en ligne du 28 au 30 mars 2023 auprès d'un échantillon de 1.059 personnes majeures, représentatif de la population française.

 

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