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Décryptage

Comment Emmanuel Macron veut rapprocher les lycées professionnels des entreprises

Le chef de l'Etat a dévoilé ce jeudi depuis Saintes sa réforme des lycées professionnels. A partir de septembre, les élèves de cette filière seront payés pour leurs stages. Emmanuel Macron a annoncé le montant de leurs gratifications et la rémunération supplémentaire envisagée pour les enseignants.

Emmanuel Macron, ce jeudi, au lycée professionnel Palissy de Saintes, en Charente-Maritime.
Emmanuel Macron, ce jeudi, au lycée professionnel Palissy de Saintes, en Charente-Maritime. (Thibaud MORITZ/POOL/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 4 mai 2023 à 10:12Mis à jour le 4 mai 2023 à 19:37

Emmanuel Macron avait promis d'en faire « un immense chantier ». Le chef de l'Etat s'est rendu jeudi à Saintes, en Charente-Maritime, pour dévoiler sa réforme des lycées professionnels. Au lycée Palissy, où il a tenté, une nouvelle fois, de tourner la page de la réforme des retraites, le chef de l'Etat a défendu « une cause nationale » car, « sur 100 élèves qui entrent en seconde professionnelle, un tiers décroche ».

Pendant la présidentielle, il avait dit vouloir « un partenariat beaucoup plus étroit avec les entreprises » et des lycéens professionnels « rémunérés […] comme le sont les apprentis ». Ces deux points font partie des annonces, mais l'exécutif a reculé en janvier sur l'augmentation de 50 % de la durée des stages pour tous.

Seuls les élèves de terminale qui se destinent à un emploi après le bac verront leurs périodes de stage augmenter. Ceux qui poursuivront leurs études auront quatre semaines de cours supplémentaires. La terminale devient une année « sur mesure ». Pour ceux qui poursuivent après leurs études, Emmanuel Macron veut développer les formations à bac+1 (FCIL). Les entreprises n'ont parfois « pas besoin [qu'un jeune] aille faire trois ou quatre ans » d'enseignement supérieur, a-t-il justifié.

Des stages payés à partir de septembre

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Pour porter ce rapprochement avec les entreprises, les professeurs se verront proposer un « pacte » qui leur permettra d'être payés plus pour des missions nouvelles. « Les enseignants volontaires deviendront l'interface entre les lycées, les entreprises et les partenaires du service public de l'emploi », selon le chef de l'Etat.

Au programme : des remplacements de courte durée, la coordination de la réflexion sur l'évolution de la carte des formations dans chaque établissement, l'accompagnement des élèves vers l'emploi ou l'enseignement supérieur. Plusieurs syndicats y voient « du mépris » et réclament la reconnaissance des missions déjà effectuées.

7.500 euros

bruts annuels supplémentaires d'augmentation pour les enseignants volontaires, selon Emmanuel Macron

« Chaque professeur engagé et volontaire pourra avoir 7.500 euros brut annuels supplémentaires », vante Emmanuel Macron, qui a annoncé 1 milliard d'euros par an pour cette réforme. Soit 4 milliards au total pour l'éducation avec les annonces récentes sur les salaires enseignants , souligne-t-on dans l'entourage du ministre de l'Education, Pap Ndiaye.

A partir de septembre, l'Etat paiera les stages aux élèves, à raison de 50 euros par semaine (en classe de seconde et en première année de CAP), 75 euros (en classe de première et en deuxième année de CAP) ou 100 euros (en terminale). Cela « favorisera leur estime de soi », salue le Snetaa-FO, premier syndicat de l'enseignement professionnel, tandis que le Snuep-FSU regrette qu'on « valorise le temps passé hors école ».

Les filières « ni ni » seront fermées

Pour atteindre « 100 % d'insertion professionnelle », des filières seront fermées et d'autres ouvertes - au nombre de 80 en septembre (maçon, chauffeur de bus, manager en hôtellerie-restauration, etc.). Les formations du commerce, de la vente et des métiers de la mode seront les premières à fermer.

Ces fermetures se décideront au niveau local, comme aujourd'hui, mais « dans une logique d'insertion et non plus comptable » promet-on au ministère, où l'on assure que la reconversion des professeurs concernés ne sera pas un vain mot. Quand une formation « ni ni » ne débouche ni sur l'emploi ni sur un bon taux d'accès à l'enseignement supérieur, « il ne faut pas la garder », a insisté Emmanuel Macron.

« Peut-on continuer à inscrire chaque année 7.200 élèves de terminale en bac pro relation client usager, alors que 3.200 d'entre eux n'auront ni diplôme ni débouché ? » interrogeait-il, en souhaitant « que chacun puisse trouver un bon métier ». A cet effet, à partir d'avril 2024, les taux d'insertion et de poursuite d'études par filière et par établissement seront affichés sur la plateforme d'affectation des élèves, Affelnet. Des cartes des métiers (ceux en tension et ceux en devenir) seront mises en place.

Les entreprises saluent une meilleure adéquation à leurs besoins de recrutement, tandis que le Snetaa-FO redoute « l'adéquationnisme » et cite le cas de jeunes formés à la chaudronnerie en région Centre qui cherchent ensuite un emploi en Île-de-France.

L'Elysée a aussi fixé un objectif « zéro décrochage ». Avec du soutien en petits groupes en première année de lycée professionnel. Mais les élèves qui décrocheront dès le premier trimestre pourront aussi être poussés en cours d'année vers la sortie, pour rejoindre des écoles de la deuxième chance ou des établissements pour l'insertion dans l'emploi (Epide).

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Marie-Christine Corbier

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