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Industrie pharmaceutique: le mouvement de relocalisation est enclenché

Après le Covid et les pénuries, la France cherche à relocaliser sa production de médicaments (image d'illustration)

Après le Covid et les pénuries, la France cherche à relocaliser sa production de médicaments (image d'illustration) - Mychèle Daniau - AFP

Depuis deux ans, la France est dans une démarche de reconquête sanitaire. Le Covid-19 a fait office d'électrochoc, en mettant en lumière notre dépendance vis-à-vis des pays tiers, surtout asiatiques.

Emmanuel Macron présente ce jeudi son plan pour la réindustrialisation du pays. Et un secteur a pris de l'avance: l'industrie pharmaceutique. On compte près d'une centaine de projets labellisés dans le cadre du plan "France Relance". Cela représente plus de 800 millions d'euros d'investissements, et même 1,7 milliard avec effet de levier, selon la Direction générale des entreprises, auditionnée la semaine dernière au sénat dans le cadre de la commission d'enquête sur les pénuries de médicaments.

Mais ces chiffres cachent une autre réalité. Beaucoup de ces projets sont en effet des investissements destinés à conserver la production de médicaments sur place et éviter de nouvelles délocalisations. Seule une quarantaine d'entre eux concerne effectivement des relocalisations, dont 18 des rapatriements de production de principes actifs.

Journée spéciale réindustrialisation sur BFM Business

Jeudi 11 mai dès 12h, BFM Business propose à ses téléspectateurs et auditeurs une journée spéciale autour de la souveraineté française et de la réindustrialisation. Un dispositif inédit avec un plateau exceptionnellement délocalisé depuis l’Élysée.

De 14h à 20h, les présentateurs Audrey Tcherkoff, Thomas Sasportas, Laure Closier, Christophe Jakubyszyn, et Hedwige Chevrillon animeront cette édition spéciale entourés de nombreux invités. Le discours d’Emmanuel Macron sera à suivre en direct sur BFM Business.

Les coulisses et des contenus inédits à retrouver tout au long de la journée sur les réseaux sociaux de BFM Business.

Seqens, l'usine symbole

Le projet le plus emblématique est celui de Seqens, qui réactive son usine de Roussillon, en Isère, pour produire du paracétamol. Un projet à 100 millions d'euros d'investissements, dont un tiers financé par l'Etat. Objectif: 10.000 tonnes de paracétamol par an, mais l'usine ne sera opérationnelle qu'en 2025.

On peut également citer Pierre Fabre. Le laboratoire relocalise sur son site dans le Tarn une partie de la production de l’anticancéreux Binimetinib, qui était auparavant effectuée par un sous-traitant à l’étranger. Ou Fareva qui renforce pour 10 millions d'euros sa production de corticostéroïdes sur son site de Val-de-Reuil, dans l'Eure.

Les industriels critiquent des prix trop bas

Tous les acteurs du secteur reconnaissent l'accélération de la politique industrielle depuis deux ans. Mais il en faudrait cependant beaucoup plus pour mettre la France à l'abri des pénuries et des tensions. Il faut surtout une vraie feuille de route cohérente en matière de santé publique, selon le Leem, l'organisation professionnelle des entreprises du médicament, qui dénonce un double discours.

D'après les industriels, le niveau des prix des médicaments en France est le plus bas d'Europe, ce qui n'incite pas à investir sur le territoire. De leur côté, les économistes donnent l'alerte: premier producteur européen de médicaments il y a dix ans, la France ne pointe aujourd'hui qu'à la 5ème ou 6ème place, selon les années.

Hélène Cornet