Pour répondre aux besoins accrus d’infirmiers, le nombre de places dans les instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) augmente depuis 2020. Mais, malgré le besoin de bras dans les établissements de santé et à domicile, de plus en plus d’étudiants, pourtant attirés par la profession, quittent leur formation avant d’obtenir un diplôme.

Ce jeudi 11 mai, une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) pointe un taux d’abandon de 10 % des étudiants dès la première année en 2021, soit trois fois plus qu’en 2011, où seuls 3 % des effectifs quittaient les bancs des Ifsi dès les premiers mois de leur cursus.

Les hommes abandonnent plus fréquemment

Sur la totalité du cursus de trois ans, « le taux d’abandon atteindrait environ 18 % pour la promotion 2019 et 22 % pour la promotion 2020 », calcule la Drees. Le nombre d’abandons a augmenté dans tout l’Hexagone, mais la Normandie et les Pays de la Loire sont les plus concernés.

L’étude indique aussi que les hommes, qui représentaient seulement 13 % des effectifs des promotions, abandonnent plus fréquemment leurs études d’infirmier avant d’être diplômés que les femmes. « Le taux d’abandon des hommes de la promotion 2018 atteint 19 %, contre 13 % pour les femmes », compare la Drees.

Un décalage entre enseignement et réalité

Mercredi 10 mai, François Braun a rappelé sur C News que la formation d’infirmières est néanmoins « la plus demandée sur Parcoursup », avec 90 000 jeunes qui souhaitent devenir soignants. Pour Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), ce désenchantement s’explique en partie par les difficultés d’exercice du métier. « Dès le premier stage ils voient le décalage entre ce qu’on leur enseigne et la réalité sur le terrain et ce qu’implique l’ampleur du sous-effectif », analyse-t-il, en rappelant que le nombre de patients par infirmier en France est deux fois supérieur au ratio européen de 8 patients pour un professionnel.

D’autres métiers du soin souffrent du départ d’étudiants en cours de formation. Selon l’étude de la Drees, « pour la plupart des formations sanitaires, le taux d’abandon en première année augmente sensiblement par rapport au début des années 2010 ». D’ici à la rentrée 2024, le ministre de la santé a annoncé vouloir « refonder la formation » dédiée aux étudiants en soins infirmiers.