Le ministère de l’éducation nationale avait fait l’annonce, rare, d’une conférence de presse le jeudi 11 mai pour la présentation par Pap Ndiaye de son plan pour la mixité sociale à l’école, plusieurs fois reportée ces derniers mois. C’est finalement dans un silence assourdissant du ministre et par l’intermédiaire d’un laconique SMS envoyé à 15 h 30 aux journalistes que la Rue de Grenelle a communiqué, jeudi, les grandes lignes du projet que l’historien avait érigé en priorité de son action à son arrivée à l’hôtel de Rochechouart, il y a bientôt un an.
Le sujet a fait l’objet de réflexion et de concertations depuis la rentrée afin de bâtir un plan impliquant à la fois les enseignements public et privé. « Nous sommes dans les starting-blocks », lançait M. Ndiaye, dans Le Figaro, le 14 avril. Mais la présentation de ces mesures a viré au chemin de croix pour le ministre, qui a dû revoir ses ambitions à la baisse. Alors que Pap Ndiaye se félicitait d’être le premier à proposer un accord avec l’enseignement privé depuis trente ans et affichait son volontarisme à obtenir des « engagements », ces mesures, aussi attendues que sensibles politiquement, seront moins conséquentes qu’il ne l’avait laissé entendre et ne compteront aucun objectif contraignant.
Leur présentation a été dissociée du plan concernant l’enseignement public et, de nouveau, reportée d’au moins une semaine à la demande de l’Elysée. Face à ce désaveu, jeudi midi, la Rue de Grenelle tergiversait encore sur la divulgation d’arbitrages qu’elle disait « non finalisés », et qui ne concernaient plus, de fait, que le public. « On sent beaucoup d’embarras du côté du ministre et de son cabinet parce qu’ils savent qu’ils n’ont plus rien à annoncer », lâchait Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine et auteur d’une proposition de loi sur le financement de l’enseignement privé. Pour lui, « le dossier a échappé » à Pap Ndiaye.
« La philosophie même du projet », marquant un net changement par rapport au précédent quinquennat, où la mixité était absente de l’agenda politique, « ne va pas de soi » et n’est « pas prioritaire » dans le contexte actuel, selon plusieurs sources gouvernementales. « Le ministre reviendra sur tout cela dans les prochains jours, lors de la signature du protocole avec le privé », précise son entourage, dans le SMS adressé à la presse.
Filières « d’excellence »
Sur les efforts en matière de mixité sociale dans l’enseignement public, point de grandes annonces nationales. Le ministre a proposé aux recteurs et aux directeurs académiques des services de l’éducation nationale une « boîte à outils » à mobiliser afin d’améliorer la mixité sociale dans chaque académie, notamment dans les collèges, niveau de la scolarité où les écarts sont les plus marqués.
Il vous reste 64.71% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.