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Reportage

Décrocheurs scolaires : à Evry, une prépa pour leur donner du cœur à l’apprentissage

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Fortement encouragée par le gouvernement, l’alternance peut laisser sur le bord de la route les jeunes les plus fragilisés. Durant six mois, l’Afev transmet à ceux qui ont tourné le dos à l’école les règles de savoir-être qui leur font souvent défaut, avec des résultats impressionnants.
par Elsa Maudet
publié le 12 mai 2023 à 18h36

A 9 h 53, Esther Begon passe une tête dans la pièce d’à côté. Quelques ados viennent de s’y poser, manteau fermé, la tête rentrée dans le col, quand d’autres fument une clope dans le jardinet attenant. La formation était censée démarrer à 9 h 30. «Moi j’ai eu un problème de réveil, lui rétorque l’un. Mon téléphone est tombé dans un trou.» La chargée de développement local à l’Afev, association spécialisée dans l’engagement des jeunes, reprend avec douceur : «Il est tombé entre ton lit et ton mur ?» Affirmatif. «Je me suis pas réveillé, poursuit un autre. Je sais pas, il a pas sonné.» Les visages sont fermés, la motivation restée au fond du lit. «On a fait un point hier sur la question des retards. Il va falloir trouver des solutions pour se coucher plus tôt, peut-être mettre l’alarme plus fort et mettre plusieurs réveils», suggère Esther Begon.

La brune aux cheveux courts et aux imposantes boucles d’oreilles n’est pas dupe : quelques minutes plus tôt, alors que l’on s’étonnait de ne voir personne arriver, elle nous indiquait que les journées commençaient rarement avant 10 heures. C’est justement son boulot de parvenir à faire coïncider l’heure d’arrivée des jeunes et celle à laquelle ils sont attendus. Durant six mois, ils sont huit – deux ont quitté le dispositif en cours de route – à suivre la prépa apprentissage «Apprentis solidaires» de l’Afev à Evry, un programme lancé l’an passé dans cette ville de l’Essonne mais qui se déploie

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