Le gouvernement est bien décidé de mettre les bouchées doubles dans sa politique économique industrielle. Après Choose France le sommet qui s’est tenu à Versailles lundi 15 mai au cours duquel quelque 13 milliards d’euros étrangers ont été annoncés, le gouvernement doit présenter en conseil des ministres ce mardi 16 un projet de loi sur l’industrie verte.

Parmi les gagnants de la séquence, les Hauts-de-France, qui apparaissent comme un territoire clé pour accueillir de nouvelles implantations ou extensions de sites. Preuve en est, la visite d’Emmanuel Macron, jeudi 11 mai, à l’usine d’Aluminium Dunkerque, où il a désigné la ville comme « symbole » du réveil industriel français.

Des projets industriels qui se multiplient

À cette occasion, le président de la République a annoncé des projets d’investissements étrangers colossaux dans la région, les plus gros parmi ceux de l’édition 2023 de Choose France. La compagnie taïwanaise ProLogium Technology a ainsi annoncé l’implantation d’une usine de batteries électriques dans la ville du Nord : une enveloppe à 5,2 milliards avec 3 000 emplois à la clé.

Elle cohabitera auprès de celle du chinois XTC, en collaboration avec l’entreprise française Orano, qui produira des matériaux composants de ces batteries. Un projet à 1,5 milliard d’euros, soit près de 1 700 emplois.

Le choix des Hauts-de-France pour implanter de tels projets n’est pas un hasard : le territoire est et a toujours été la première région industrielle française. Notamment dans l’industrie automobile. Or « la disparition programmée de la voiture thermique à horizon 2035 oblige le secteur français à revoir son appareil de production », avance David Cousquer, fondateur du cabinet Trendeo.

Le véhicule électrique, troisième révolution industrielle des Hauts-de-France

Ces deux nouvelles gigafactories s’ajoutent d’ailleurs à trois autres usines de batteries en cours de conception, toutes situées dans le Nord et le Pas-de-Calais. À Douai, le chinois Envision AESC a commencé la construction de son usine, tandis qu’à Billy-Berclau, près de Lens, Automotive Cells Company (ACC, détenue par Saft et Stellantis) débutera le chantier en fin d’année. Enfin, le français Vektor posera la première pierre au côté de XTC et de Prologium, à Dunkerque.

Effet d’entraînement

« Après la concrétisation de ces trois projets, on a observé un effet d’entraînement : un cercle vertueux s’est mis en place dans la région. D’autres projets viennent étoffer l’écosystème de l’industrie automobile électrique, pour profiter des effets de concentration. Et on n’est pas arrivé au bout ! », se réjouit Yann Pitollet, directeur général de Nord France Invest. Billy-Berclau, près de Lens. Mis bout à bout, les cinq projets de gigafactories annoncées pourraient créer ensemble près de 12 000 emplois directs dans les deux départements.

Réindustrialisation, la France rattrape son retard

Mais la réindustrialisation de la région ne se fera pas en un claquement de doigts, rappelle David Cousquer : « Réindustrialiser est une question multidimensionnelle. Il ne suffit pas d’être attractifs ; il y a aussi les questions du prix de l’énergie, de la disponibilité du foncier, du transport des produits… qui pourront poser problème. »

« C’est un vrai challenge », reconnaît de son côté Yann Pitollet. Mais le directeur de Nord France Invest reste optimiste : « Ces entreprises sont en train de monter en puissance. Elles n’arriveront à maturité qu’en 2030, ce qui laisse quelques années pour apporter des réponses aux besoins en énergie, en main-d’œuvre et infrastructures. »

Sous les projecteurs à l’heure actuelle, les Hauts-de-France ne seront pas la seule région à bénéficier de la réindustrialisation française. D’autres gros projets ont été annoncés lors du sommet Choose France, comme la création d’une usine de panneaux solaires photovoltaïques par le groupe européen Inno Energy, à Sarreguemines (Moselle).