Benjamin Burlandy le dit sans détour. « Au moment de lire mon texte, je tremblais comme une feuille. Comme “ma” feuille. » Le 30 mars, en effet, c’est l’étudiant qui a donné le coup d’envoi de la scène ouverte organisée avec ses comparses du bachelor universitaire de technologie (BUT) carrières sociales de l’IUT de Paris-Rives de Seine (université Paris Cité), sous la houlette de leur enseignante, Camille Bloomfield. Durant deux heures, les participants bénéficiaient chacun de trois minutes pour lire face au public une poésie, un rap, un slam, un texte.
Celui de Benjamin débutait ainsi : « Dans ce moment informel, j’aimerais vous être solennel. Je voulais vous parler de ce mystérieux after. Après les cours, ce soir à 16 heures. Venez voir, il paraît que des mots sont servis à boire. » L’inspiration lui était venue la veille dans le RER : « Je voulais mettre en confiance les gens qui avaient le courage d’occuper la scène », explique le jeune homme de 22 ans.
Fréquentant les scènes slam, poétesse elle-même, Camille Bloomfield rêvait « d’amener [s]es élèves à ce qui [la] passionne. Or la poésie incarne un gros capital symbolique. C’est le genre littéraire le plus “chic” et donc, forcément, le plus intimidant ». Avec Elise Bernard, une de ses étudiantes du BUT, elle assiste pour la première fois quelque temps auparavant à une scène ouverte organisée par Marik Froidefond, maîtresse de conférences à l’université Paris Cité : « L’événement mêlait étudiants et enseignants, ce que j’ai trouvé rare et très beau. Cela nous a donné envie de faire notre propre scène ouverte. »
Une proposition différente des désormais traditionnels concours d’éloquence. « Le concours d’éloquence a une dimension très académique, décrypte Camille Bloomfield. On y applique les étapes du discours selon les règles édictées par Cicéron. Le thème, comme la position défendue par l’étudiant, lui est imposé. La scène ouverte a une dimension plus libre, plus informelle. Elle permet de s’exprimer davantage. » Waël Bachiri, 19 ans, qui a participé à la scène ouverte du 30 mars en disant l’un de ses raps, renchérit : « Lors du concours d’éloquence, il y a la question de la compétition, du stress. Et puis il faut rentrer dans un moule. Le cadre peut brider. Je vois davantage la scène ouverte comme un exutoire. »
De fait, les participants insistent sur la façon dont l’événement leur a permis de découvrir leurs camarades sous un autre angle. « On abandonne une partie de nous aux autres », résume Benjamin Burlandy. « Chacun donne de sa personne, de son vécu », abonde Elise Bernard. Pour Waël Bachiri, « cela crée aussi une proximité avec les enseignants. Et tout cela converge vers un même point : pour que les cours se passent mieux, c’est mieux de s’accepter les uns les autres ».
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