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A Bordeaux et à Nîmes, des musées en quête d’un plus grand ancrage local

Le CAPC − Musée d’art contemporain bordelais et le Carré d’art nîmois célèbrent leurs anniversaires tout en cherchant à se renouveler.

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Publié le 18 mai 2023 à 16h00, modifié le 06 juin 2023 à 17h23

Temps de Lecture 4 min.

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Le Carré d’art de Nîmes, en 2013.

A Bordeaux en 1973, à Nîmes en 1993, deux maires atypiques, de droite, ont voulu leur musée d’art contemporain. L’un s’est ouvert avant le Centre Pompidou, à Paris, l’autre s’inscrit dans le prolongement de la décentralisation des années 1980. En ce printemps des célébrations, le CAPC − Musée d’art contemporain de Bordeaux et le Carré d’art de Nîmes soufflent respectivement leurs cinquante et trente bougies avec la fierté d’avoir traversé les épreuves des alternances politiques, non sans s’interroger désormais sur leur ancrage local.

Baron historique du gaullisme, Jacques Chaban-Delmas (1915-2000) avait caressé des rêves de présidence et souhaitait braquer les projecteurs sur sa ville. Jean-Louis Froment, passionné d’art, voulait attirer à Bordeaux les meilleurs créateurs de son temps. Rien n’était trop beau : le CAPC était richement doté, son directeur grassement payé.

Le maire de Nîmes, Jean Bousquet, ambitionnait, lui, de faire exister sa ville « entre le Marseille de Jean-Claude Gaudin et le Montpellier de Georges Frêche », appelant pour cela en renfort Bob Calle (1920-2015), un cancérologue réputé et un collectionneur apprécié des artistes. Sans avoir la prodigalité du tandem bordelais, le duo nîmois aussi a vu grand, confiant l’architecture de son musée à un Britannique bientôt star, Norman Foster.

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En quelques expositions, le quadrilatère transparent comme un temple vide, érigé juste à côté de l’antique Maison carrée, s’est imposé comme un phare régional. Tout comme la nef voûtée de l’Entrepôt Lainé à Bordeaux. Mais leur intensité, aujourd’hui, n’est plus ce qu’elle était.

Des comptables à la place des visionnaires

Paradoxalement, l’accélération du temps de trajet depuis Paris grâce au TGV n’a pas mathématiquement profité aux deux institutions. L’art contemporain était rare, il est désormais partout, ou presque. De nouveaux lieux leur ont volé la vedette, notamment la très argentée Fondation Luma à Arles. Dimitri Boutleux, adjoint au maire de Bordeaux chargé de la création, le reconnaît : « Le CAPC était parmi les premiers points qui s’allumaient sur la carte de France, aujourd’hui le paysage est plus étoffé, il est plus compliqué d’être une entité incontournable. » Mais, ajoute-t-il, « on peut le réinventer en étant au rendez-vous de son époque, un lieu dont on n’a pas peur de franchir les portes, un lieu ressource où on peut manger, suivre une conférence, faire du roller ou tout simplement faire la fête ».

Pour les équipes actuelles, le choix de la nostalgie est impossible, celui de la renaissance guère plus aisé. Car, dans les métropoles – comme à Paris –, les visionnaires ont cédé face aux comptables. A peine avait-il repris le témoin des mains de Jacques Chaban-Delmas, dont la gestion opaque du CAPC avait été épinglée en 1995 par la chambre régionale des comptes, qu’Alain Juppé en a sabré le budget. La dotation du musée est passée de 1 million d’euros en 1997 à 734 000 euros en 2006, avant de dépasser à nouveau la barre du million en 2022 depuis l’arrivée aux manettes du maire écologiste Pierre Hurmic. Aucun budget d’acquisition d’œuvres n’est plus alloué au musée, ce qui freine la dynamique de collection. La ville ne débloque les fonds qu’au coup par coup, à partir d’une enveloppe globale de 250 000 euros que se partagent les cinq musées municipaux.

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