Études vétérinaires : « La Roumanie peut être un moyen de devenir vétérinaire plus vite »

Face à la difficulté des concours des écoles vétérinaires françaises, de plus en plus d’étudiants partent étudier le métier de leur rêve en Roumanie. Une aventure de six ans qui leur permet ensuite de revenir exercer en France, qui manque de professionnels.

Timothé, Juliette et Léa ont tous les trois quitté la France pour étudier en Roumanie . LP/ Laure d'Almeida et Marine Gachet
Timothé, Juliette et Léa ont tous les trois quitté la France pour étudier en Roumanie . LP/ Laure d'Almeida et Marine Gachet

    « Des amis m’ont parlé de la Roumanie, je me suis renseigné et j’ai postulé dans les quatres écoles du pays. » Après un BTS et une année de prépa à Paris, Timothé, 26 ans, n’obtient pas le concours d’entrée en école vétérinaire. Pour lui, hors de question de redoubler : « Dans ma prépa, aucun redoublant n’a eu le concours, c’est un constat assez démoralisant... » Alors, comme de plus en plus d’aspirants vétérinaires, il fait le choix de s’expatrier.

    Juliette, elle, n’a même pas attendu de tenter sa chance aux concours français pour partir à l’autre bout de l’Europe. Après deux années d’école d’ingénieur, elle envoie son dossier en Roumanie. « J’ai été prise à Bucarest. J’ai laissé tomber l’idée de passer le concours car je devais attendre un an et je n’étais pas sûre d’être prise. Je ne voulais pas gâcher cette opportunité », raconte la jeune femme de 25 ans.

    Un taux de réussite entre 10% et 20%

    En France, il existe seulement quatre écoles vétérinaires qui peuvent accueillir environ 650 étudiants chaque année. Les différents concours d’entrée sont très sélectifs et le taux de réussite varie entre 10% et 20%, selon les statistiques des différentes prépa. En Roumanie, les cursus vétérinaires des universités sont accessibles dès le baccalauréat et le recrutement se fait sur dossier. Le diplôme délivré au bout des six années d’études est un diplôme européen, qui permet donc d’exercer le métier de vétérinaire ensuite en France. « Pour ceux qui sont vraiment sûrs d’eux, la Roumanie peut aussi être un moyen de devenir vétérinaire plus vite, sans passer par les prépas obligatoires en France », estime Juliette.

    Timothé et Juliette, acceptés la même année, ont rejoint la section anglaise de la faculté de médecine vétérinaire de Bucarest. Mais pas besoin de parler anglais pour s’expatrier en Roumanie. Face à la demande croissante des étudiants français, des sections françaises ont été créées dans certaines facultés vétérinaires roumaines.

    À Bucarest, la section ouverte il y a 6 ans accueille une trentaine de personnes par an. Léa, en 5ème année, a ainsi pu faire ses études en français à 3000 kilomètres de son Poitou natal. « Au début, il y avait quelques soucis de traduction de la part des professeurs roumains, concède la Niortaise de 25 ans. Mais au fil des années c’est devenu plus fluide. »

    Ce n’est qu’un des avantages qu’offrent les études vétérinaires en Roumanie pour les Français. Comparé à l’Espagne ou la Belgique, des destinations également prisées par les étudiants de cette filière, la Roumanie offre l’opportunité d’une vie étudiante à moindre coût. L’année universitaire coûte environ 6 000 euros, contre 15 000 euros en Espagne par exemple. Il y a encore quelques promotions, elle était même gratuite pour les meilleurs étudiants.

    Une vie étudiante comme nulle part ailleurs

    « Les premiers jours ont été compliqués. Mon appartement en banlieue était entouré de blocs soviétiques, je ne connaissais pas la langue… Il y avait un vrai fossé », se rappelle Timothé à propos de son arrivée à Bucarest. Mais, du haut de sa dernière année, il dresse le bilan d’une vie étudiante exceptionnelle. « Comme on était tous loin de chez nous, on s’est soudés très vite, plus rapidement et plus fort que si on s’était rencontrés en France », avance-t-il. « Être à l’étranger nous a poussé à faire des voyages qu’on aurait sûrement pas fait sinon. On est allés à Istanbul, en Hongrie, en Grèce, et on a beaucoup visité la Roumanie évidemment », complète Juliette. Les trois amis reviennent d’ailleurs tout juste d’un voyage dans les montagnes au nord-ouest du pays, dans la région des Maramureș, au moment où nous les rencontrons.



    D’un point de vue scolaire, l’échec au concours français a laissé planer l’ombre d’un syndrome de l’imposteur pendant leurs premières années d’étude. « Au début, on comparait beaucoup notre formation à celle des écoles en France. Mais finalement, les cours sont les mêmes. Et ici, on peut faire autant de stages qu’on veut, et on rentre systématiquement pour les faire », affirme Léa. La quasi-totalité des étudiants vétérinaires français de Bucarest font au moins deux mois de stage en France par an, ce qui leur permet de se constituer un réseau et les rassure sur la force de leur formation. « On utilise parfois les cours français pour réviser car ils sont souvent plus clairs. Mais même si la pédagogie est un peu différente ici, on se sent autant armés que nos amis qui ont étudié en France », assure Juliette.

    Preuve en est, elle vient de réussir, aux côtés de Timothé, le concours de l’internat. À l’issue de leurs études en Roumanie, qui prendront fin cet été, ils rejoindront la clinique de l’École nationale vétérinaire d’Alfort pour un an de formation supplémentaire. « L’internat nous offre ensuite la possibilité de faire un résidanat, une formation qui dure quatre ans et qui permet de devenir spécialiste », explique Timothé.

    « Il y a une vraie pénurie en France »

    Les trois étudiants que nous avons rencontrés sont confiants en leur avenir et en leurs possibilités d’insertion sur le marché du travail. « Dans chaque clinique où je suis allée en stage, il manquait des vétérinaires. Il y a une vraie pénurie en France », affirme Léa. « On voit même de plus en plus de cliniques qui se démènent sur les réseaux sociaux pour attirer les jeunes vétérinaires », constate Timothé. Un manque de praticiens qui assure une place et un choix à ces expatriés. Car aucun étudiant vétérinaire français ne compte rester en Roumanie.

    En effet, la conception du métier de vétérinaire semble différente dans ce pays d’Europe de l’Est. « Ici, j’ai l’impression que la société n’accorde pas autant d’importance au bien-être de l’animal. Par conséquent, le métier de vétérinaire n’est pas aussi reconnu qu’en France et les salaires sont très bas. J’ai vu plusieurs personnes arrêter le métier de vétérinaire pour des raisons économiques », détaille Timothé. Dans les faits, le salaire moyen approche 2300 euros brut en France quand il dépasse légèrement 800 euros brut en Roumanie.

    À cela s’ajoute la barrière de la langue, qu’il faut parler couramment, ou encore la distance avec leurs proches. Si Juliette recommande fortement l’expérience d’étudier en Roumanie et le referait si c’était à refaire, elle ne se voit pas non plus construire sa vie ici : « Toute la famille qu’on s’est créée à Bucarest pendant nos six ans d’études repart de toute façon en France. »

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