Lors de son lancement, en 2018, Parcoursup formulait une promesse : être une « ouverture » pour augmenter le nombre d’étudiants accueillis et diplômés. Six campagnes de recrutement plus tard, elle n’a pas été tenue. La plate-forme reste en partie insaisissable pour quelque 900 000 candidats et leurs parents, autant que pour des professeurs principaux de lycée, incrédules lorsque, entre deux élèves présentant le même profil scolaire, seul l’un obtient une place dans la formation convoitée.
L’« ouverture » est davantage ressentie comme une sélection au cours d’un processus complexe dont seuls les initiés peuvent tirer profit. A qui la faute ? Aux cinquante-quatre heures annuelles d’accompagnement à l’orientation, qui devaient prendre place au lycée mais sont restées largement inexistantes, à défaut d’être inscrites dans les emplois du temps ? Au discours fondateur de la réforme du baccalauréat, assurant que le choix des enseignements de spécialité devait être guidé par l’appétence du lycéen, alors qu’il conditionne amplement l’accès à telle ou telle filière ?
Parcoursup est une interface derrière laquelle s’activent des enseignants-chercheurs chargés de trier les milliers de candidatures adressées à leurs formations. Le Monde a pu suivre les travaux de plusieurs commissions d’examen des vœux pour tenter de faire la lumière sur l’ensemble des barèmes qu’elles utilisent, avec ou sans traitement algorithmique. L’effort de transparence est parfois sensible, parfois beaucoup moins.
A l’université, l’algorithme de présélection est un indispensable outil d’aide à la décision
La novlangue a trouvé toute sa place dans les commissions des vœux Parcoursup à l’université. Les examinateurs ne sélectionnent pas ; « ils évaluent », corrige un vice-président d’université. Les candidats ne sont pas classés ; « ils sont ordonnancés », précise-t-il encore. Les soixante-quatorze établissements publics ne disent pas « non » aux trop nombreux candidats, mais répondent que les places libres sont pourvues, et ce, dans de nombreuses filières en tension comme le droit, la psychologie ou les sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), qui ne disposent que de quelques centaines de places pour plusieurs milliers de candidats. Des lycéens dont les dossiers sont rarement ouverts, car, pour faire un choix, la plate-forme met à disposition des enseignants un outil paramétrable en fonction des attendus de chacun des cursus.
Les notes sont le principal élément d’évaluation. Toutes les notes, celles de classe de 1re et de terminale, celles des épreuves de spécialité, qui sont dotées d’un coefficient plus ou moins important, en fonction d’une moulinette algorithmique que composent les examinateurs. A titre d’exemple, pour intégrer la licence de droit de l’université CY Cergy Paris, qui dispose, en 2023, de 665 places pour 4 548 vœux, « le marqueur important, ce sont les mathématiques, souligne Bruno Fiorio, vice-président adjoint chargé du 1er cycle. Avoir un raisonnement structuré est une compétence nécessaire pour réussir en droit ». Toutefois, les notes ne sont pas le seul outil d’« ordonnancement ».
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