L’avenir des 917 000 élèves de terminale va se préciser, ce jeudi 1 juin, avec l’ouverture de la phase d’admission principale de Parcoursup. Ces futurs bacheliers vont recevoir les premières réponses des formations du supérieur auxquelles ils ont candidaté début avril. Concrètement, à 19 heures, quatre réponses possibles doivent tomber sur la plateforme : admis, refusé, en attente, ou admis à condition de suivre une remise à niveau.

Cette dernière possibilité a été introduite par la loi relative à l’orientation et à la réussite des élèves de 2018. À l’époque, elle en constituait même une disposition phare. Elle était censée démontrer que Parcoursup n’opérait pas une sélection à l’entrée dans le supérieur, mais guidait les élèves au bon endroit, selon leurs compétences en fin de lycée.

Qu’en est-il réellement ? En 2022, 27 000 « oui si » ont fait leur rentrée dans le supérieur, selon le terme désormais consacré par les universités pour désigner ces admis sous condition. Qui sont-ils ? Il s’agit d’« étudiants qui ont très rarement obtenu une mention au baccalauréat et ont souvent cumulé un retard scolaire, facteurs statistiquement moins favorables à la réussite », décrit le service de statistique et d’analyse du ministère de l’enseignement supérieur. Mais chaque université reste libre de ses critères. Aussi, par exemple, certaines assument d’y inscrire systématiquement les bacheliers issus de la filière technologique.

Une arme efficace contre l’échec en licence

Aucune évaluation nationale n’a été publiée pour savoir ce que sont devenus ces étudiants, mais une enquête de l’inspection générale est en cours. Les premiers retours d’expérience sont contrastés, entre les syndicats étudiants d’une part et les présidents d’université de l’autre. Si l’Unef et la Fage dénoncent le manque de lisibilité du système, les établissements qui s’en sont saisis dressent un bilan plus flatteur et y voient une arme efficace contre l’échec en première année et le taux d’abandon.

À l’université de Bretagne-Sud (UBS), ce taux est ainsi passé de 21 % sur l’année 2018-2019 à 7,6 % en 2020-2021. Cette année-là, l’établissement réparti sur trois villes – Brest, Vannes et Lorient – a fait une large place aux « oui si » : 30 % de ses recrues, soit 508 étudiants, sont entrées dans le dispositif.

« L’an dernier, le taux de réussite en L1 était de 50 % pour les élèves admis dans le parcours normal, contre 40 % pour les “oui si”, c’est-à-dire que les deux profils se rapprochent. Jusque-là, à l’inverse, le taux de réussite des élèves identifiés comme fragiles n’était que de 33 % », avance Virginie Dupont, présidente de l’UBS.

Tutorat, petits groupes…

Concrètement, ces élèves ont bénéficié d’un soutien sur les apprentissages fondamentaux, « quand les notes sur Parcoursup en maths ou en SES, par exemple, étaient un peu faibles », détaille la présidente. Les élèves ciblés ont ainsi bénéficié d’un tutorat sur mesure, par petits groupes, avec un émargement régulier, afin qu’ils ne multiplient pas les absences. Ce nouvel étayage s’ajoute à d’autres dispositifs préexistants depuis 2017. Cette année-là, le gouvernement avait déjà lancé des dispositifs de soutien individualisé, comme la proposition de boucler sa licence en quatre ans au lieu de trois.

Mais l’UBS n’est pas forcément représentative, et le bilan global du dispositif est plus contrasté. Si les universités de Paris-Saclay, de Strasbourg ou de Bourgogne s’en sont aussi emparées, fait valoir le ministère, d’autres établissements du supérieur « s’en sont sans doute beaucoup moins saisis, reconnaît Virginie Dupont. Notre ambition à l’UBS a toujours été d’accompagner la réussite de tous nos étudiants, mais certaines universités de grandes villes, qui ploient sous les candidatures, sont plus sélectives et ont donc, mécaniquement, moins d’élèves fragiles et moins de “oui si” à encadrer ».

De son côté, le ministère ne cache pas qu’il reste des marges de progrès. Il souligne que la liste des universités engagées dans le dispositif s’allonge à chaque année, mais elle reste limitée. À la rentrée 2023, 1 250 dispositifs « oui si » ont été mis en place dans 943 formations, toutes proposées par les universités, qui semblent donc être les seules à jouer le jeu. À peine une dizaine d’autres formations s’y sont mises, liste le ministère, alors même que rien ne les en empêche.

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La suite de la procédure

À compter du 1er juin, les candidats doivent répondre aux propositions d’admission qui leur sont faites. Ceux qui n’ont eu que des refus doivent être accompagnés individuellement par des conseillers d’orientation.

15 juin. Début de la phase d’admission complémentaire, ouverte jusqu’au 14 septembre. Elle permet de formuler dix nouveaux vœux dans les formations où il reste des places.

Du 30 juin au 3 juillet. Les candidats doivent classer leurs vœux toujours en attente.

7 juillet. Fin de la phase de candidature principale.