A la veille du salon Révélations, consacré aux métiers d’art, qui se tiendra du 7 au 11 juin au Grand Palais éphémère à Paris, la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, et sa collègue Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat et du tourisme, ont annoncé, mardi 30 mai, un plan de 340 millions d’euros pour structurer un secteur fragilisé par la crise due à la pandémie de Covid-19 et à l’inflation. L’idée étant de conclure, d’ici trois ans, un « contrat stratégique de filière » entre les pouvoirs publics et les entreprises.
La dénomination est ingrate, mais l’enjeu crucial. « Les métiers d’art répondent au besoin de sens, d’objets durables et écoresponsables, à un moment où l’intelligence artificielle percute nos vies, où la valeur du travail est interrogée et où la transition écologique est au cœur des préoccupations », fait valoir Rima Abdul Malak, qui porte ce plan depuis son arrivée, en 2022, Rue de Valois. « C’est une filière stratégique pour l’emploi et la compétitivité », complète Olivia Grégoire, rappelant que ce secteur pesait 19 milliards d’euros en 2019.
L’annonce était attendue avec impatience par un secteur éclaté en 281 métiers et quelque 60 000 entreprises, à majorité unipersonnelles. Plébiscitée à l’étranger, cette filière à cheval entre l’art et la création artistique manque paradoxalement de visibilité en France. Comment assurer la relève, perpétuer des gestes ancestraux en les adaptant aux besoins actuels ? Comment s’ancrer localement tout en rayonnant à l’international ? Pour mener ce vaste chantier, les deux ministres et leurs équipes ont multiplié les consultations. « On vit un momentum », se réjouit Bénédicte Epinay, déléguée générale du Comité Colbert, qui fédère les maisons de luxe, saluant un plan « inédit dans son ampleur ». « Pour la première fois, ajoute-t-elle, tous les acteurs, publics et privés, qui ne se parlaient pas forcément ont été autour de la table. »
Sensibiliser dès le plus jeune âge
Tous s’accordent sur une urgence : sensibiliser aux métiers de la main dès le plus jeune âge. Le plan, articulé en cinq chapitres, prévoit ainsi d’ouvrir 1 000 places de stage en 3e, disponibles sur la plate-forme Monstagedetroisieme.fr. « C’est fondamental, approuve Bénédicte Epinay. On a constaté, dans nos enquêtes, qu’un jeune artisan sur deux découvrait nos métiers par ces stages. » Dès la rentrée prochaine, un cahier pédagogique « Je découvre les métiers de la main », coconstruit par l’Onisep et l’association De l’or dans les mains, sera fourni aux élèves dans le cadre de leurs programmes scolaires. Le Mobilier national, dont le rôle sera capital à chaque étape du plan, ouvrira en juin Le Petit Mob’, des ateliers destinés au public scolaire. En partenariat avec la start-up française Wecandoo, le Pass culture proposera enfin plus de 700 nouvelles activités initiant à l’artisanat d’art.
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