Depuis plus de deux cents ans, l’enseignement supérieur propose deux voies de poursuite d’études postbac : entrer à l’université ou viser une grande école, la plupart du temps en passant par une classe préparatoire. Ce modèle dual a pris la poussière, jusqu’à faire fuir une part croissante de néo-bacheliers, qui rejoignent, à l’étranger, des cursus d’un genre nouveau, autour du concept d’« arts libéraux », des études qui se caractérisent par des programmes généralistes et de petits effectifs.
C’est ce que soutient Monique Canto-Sperber, directrice de recherche émérite au CNRS et ancienne dirigeante de l’Ecole normale supérieure et de l’université PSL, qui recrute actuellement les étudiants d’un bachelor privé pluridisciplinaire et bilingue nommé Atouts +, futur « liberal arts college » (« université d’arts libéraux ») à la française, qui ouvrira à la rentrée 2023 à Paris.
Le cursus en trois ans offre trois filières : humanités au XXIe siècle, économie-data et sciences sociales, mathématiques-informatique-sciences. Plus souple qu’une licence universitaire, moins stressante qu’une prépa, pensée pour correspondre aux besoins des jeunes avec davantage d’individualisation et d’interactivité : sur le papier, la proposition se veut une réponse aux « insuffisances » du monde académique.
Selon Monique Canto-Sperber, autrice de plusieurs ouvrages analysant les difficultés du système éducatif français, une majorité de néo-bacheliers souhaitent ne pas se spécialiser trop tôt, suivre des enseignements liés à l’environnement et acquérir de bonnes méthodes de travail ainsi qu’une réelle maîtrise de l’écrit et de l’oral tout en s’ouvrant au monde économique et international.
« Expérience pilote »
« Dans un premier temps, j’ai cherché à adosser cette formation à une université, relate la philosophe. Mais cela n’a pas été possible, l’attention aux étudiants et la personnalisation des parcours ne sont pas tellement praticables à l’université, d’autant que je voulais aussi conserver une autonomie. » C’est donc sous la forme d’une association d’intérêt général qu’Atouts + a été déclaré au rectorat de l’académie de Paris, fin 2022.
L’objectif, grâce à des mécènes, est d’exonérer de frais d’inscription 30 % des étudiants, les autres devant s’acquitter de quelque 10 000 euros à l’année. A ce stade, précise Mme Canto-Sperber, deux personnes privées ont versé une somme d’amorçage des bourses, de l’ordre de 50 000 euros. Des fondations d’entreprises, notamment Dassault Systèmes et Thales, ont également été sollicitées.
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