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Mouise en scène

Le modèle économique de l’Opéra au pied du mur

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Hausse des dépenses, baisse des subventions, fréquentation aléatoire, spectacles annulés… L’art lyrique traverse une crise majeure. L’occasion de repenser son fonctionnement ?
par Antoine Pecqueur et Guillaume Tion
publié le 5 juin 2023 à 18h01

La mesure est radicale : l’Opéra de Lyon ferme ses portes entre le 15 juillet et le 15 août. Après que l’Opéra de Rouen a lui aussi débrayé en avril-mai. Ce printemps, l’Opéra de Montpellier a, lui, remplacé une production scénique par un concert, tandis qu’en Alsace l’Opéra du Rhin a réduit le nombre de représentations du Conte du tsar Saltane de Rimski-Korsakov et du Couronnement de Poppée de Monteverdi. Selon le syndicat des Forces musicales, rassemblant Opéras et orchestres français, 192 représentations, lyriques et symphoniques, ont déjà été supprimées sur l’ensemble du territoire pour cette année. «Nous sommes dans une impasse, nous dit d’emblée Matthieu Dussouillez, directeur de l’Opéra national de Lorraine. Tout augmente sauf les subventions. L’inflation se retrouve à tous les niveaux : l’énergie, les transports, la maintenance. Sans oublier la masse salariale : la hausse du point d’indice des agents publics représente pour nous un surcoût de 400 000 euros, que les pouvoirs publics ne compensent pas. Nous sommes donc obligés de rogner sur la marge artistique et, par conséquent, nous n’avons plus aujourd’hui les moyens de faire tourner la maison à plein régime.»

Obligation de résultats

Le genre de l’opéra a pour particularité d’obéir à la loi de Baumol, définie par l’économiste américain William Baumol (1922-2017), théorisant la fatalité des coûts croissants. «Plus on joue, plus on perd de l’argent. Car nos recettes restent toujours inférieures au coût du specta

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