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« Tous les jours, j’y allais un peu plus à reculons. Un jour, j’ai arrêté d’y aller » : paroles d’étudiants infirmiers qui ont jeté l’éponge

Leur décision a souvent été prise à la suite d’un stage, à cause du « rythme », d’un sentiment de manquer d’encadrement et d’impuissance face aux « cas pratiques ». En 2021, 10 % des étudiants ont abandonné en première année. Pour enrayer le phénomène, une réforme de la formation est annoncée.

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Publié le 07 juin 2023 à 06h00

Temps de Lecture 3 min.

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Un infirmier se protège avant d’entrer dans la chambre d’un patient infecté par le Covid-19 dans le service de réanimation de l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris, le 6 avril 2021.

Helena, Emilie et Thibault, qui ont tous les trois souhaité rester anonymes, n’ont pas seulement pour point commun leur âge – la vingtaine –, et l’espoir partagé, mais qui « s’éloigne », disent-ils à regret, d’exercer un jour le métier d’infirmier. Ils ont aussi une façon bien à eux de comptabiliser le temps de formation durant lequel ils ont « tenu » avant de jeter l’éponge. Non pas en mois ou en semestres, mais en nombre de stages.

« J’ai compris que je n’irai pas beaucoup plus loin au bout du septième », raconte Helena, qui se remet à peine de ce stage terminé, fin janvier, dans un service d’urgences de Nouvelle-Aquitaine. « Trop de brancards dans les couloirs, trop de patients en attente… » Son « rêve » a tourné court : « Ces patients avaient besoin qu’on s’occupe d’eux, qu’on reste auprès d’eux, ils avaient plein de questions… Et moi, face à ça, je me suis sentie très seule, très en incapacité de les aider… »

Des infirmières diplômées sont bien présentes, « compréhensives », mais en nombre insuffisant pour l’encadrer et pour « passer derrière [elle] ». Son bac scientifique et ses cours qu’elle pense pourtant maîtriser ne lui sont pas d’un grand secours, face aux « cas pratiques » auxquels elle se retrouve confrontée.

En avril, à quelques mois d’achever sa troisième et dernière année d’études, après une autre mauvaise expérience en oncologie, Helena officialise une interruption de formation auprès de son « IFSI », l’un des 337 instituts de formation en soins infirmiers qui accueillent près de 100 000 étudiants. « Ce n’était pas vraiment un choix : je n’en pouvais tout simplement plus », confie-t-elle.

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« Je me suis heurtée à un mur »

Emilie, qui a « tout stoppé » au milieu de sa deuxième année d’études, dans un IFSI du Grand-Est, fait de son cinquième stage, en médecine générale, l’« élément déclencheur » : « Je me suis sentie livrée à moi-même, avec trop peu de tuteurs pour trop d’étudiants, comme moi, à encadrer. Je n’avançais pas, je n’apprenais pas, et je savais qu’il y aurait, derrière, les partiels… Je voyais le retard s’accumuler. Je marchais vers l’échec. Tous les jours, j’y allais un peu plus à reculons. Un jour, j’ai arrêté d’y aller. »

Titulaire d’un bac technologique sanitaire et social, elle pensait avoir le « bagage » pour réussir dans cette filière, l’une des plus demandées sur Parcoursup. « Infirmière, je m’étais toujours imaginé le devenir… » Elle a déchanté. « Je me suis heurtée à un mur, celui de mes limites, peut-être, mais aussi celui d’un rythme effréné qui te fait alterner les semaines de cours et les semaines de stage. Ce qu’on te demande d’apprendre et de faire, ça m’a semblé inadapté, beaucoup trop lourd… »

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