Ca y est, les quelque 636.000 élèves de Terminale inscrits sur Parcousup ont reçu les premières réponses à leurs candidatures dans l'enseignement supérieur. A l'heure du choix, les déçus pourraient être tentés de se tourner vers des formations privées en dehors de la plateforme, promettant sélection express et employabilité garantie à la sortie. Attention aux pièges, alertent la conférence des grandes écoles (CGE) et la conférence des directeurs des écoles françaises de management (CDEFM) dans une déclaration commune.
"Ces dernières années, nous avons constaté notamment sur les salons étudiants, une explosion de structures de formation sorties de nulle part aux discours commerciaux très agressifs, surfant sur le bashing anti-Parcoursup et la méconnaissance des familles", rapporte Laurent Champaney, président de la CGE. Ces organismes privés à but lucratif proposent généralement des programmes vendus comme très professionnalisants "sur des métiers en tension comme le numérique ou dans des domaines en vogue tels que la transition écologique, le management du sport". Problème, ces cursus ne débouchent pas forcément sur des diplômes ou certificats reconnus par l'Etat. Avec à la clé des cours et une pédagogie qui peuvent laisser à désirer. "Certaines écoles n'ont même pas de locaux et dispensent tous leurs cours à distance", pointe Laurent Champaney.
Ecoles fermées en cours de parcours, poursuite d'études bloquée...
Les risques pour les étudiants sont loin d'être anodins: non reconnaissance du diplôme sur le marché du travail, acquisitions de compétences trop rudimentaires, impossibilité de poursuite d'études, accès bloqué à des bourses d'Etat... "A certains jeunes, on promet de trouver un contrat en apprentissage en entreprise durant l'été. Puis on revient ensuite vers eux en septembre en leur disant que leur dossier n'est pas assez bon et qu'il va devoir payer plusieurs milliers d'euros son année en les mettant devant le fait accompli. D'autres voient leur école fermer en cours de route et se retrouvent démunis après plusieurs années d'études payées plein pot", déroule Laurent Champaney qui a été alerté par plusieurs parlementaires saisis par des familles sur ce type de pratiques. Un constat alarmant alors que les inscriptions dans le privé ont crû de 38% depuis 2010.
Une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) datant de décembre épinglait d'ailleurs les "pratiques commerciales trompeuses" de plusieurs acteurs. Sur 80 établissements contrôlés, 56% présentait des anomalies sur au moins un point de la réglementation comme les mentions invérifiables sur l'employabilité après l'obtention du diplôme, la mise en avant de partenariats non formalisés avec de grandes entreprises, les prix promotionnels fictifs, ou encore les faux avis émanant de salariés de l'entreprise.
Choisir une formation contrôlée par l'Etat
Le président de la CGE appelle donc à la vigilance et conseille de privilégier les cursus dont la qualité est validée et contrôlée par l'Etat, et en particulier par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche comme les formations aux diplômes conférant le grade de licence ou de master ou encore aux cursus visés. "Même s'ils sont très nombreux, ces labels s'attachent à la qualité de l'enseignement, vérifient les débouchés professionnels et valident aussi l'environnement étudiant plus global (campus, vie étudiante, accompagnement...)", insiste Laurent Champaney.
Liste des labels recommandés par la CGE et la CDEFM
Certains établissements proposent par ailleurs des formations non diplomantes mais reconnues par le ministère du Travail car inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). On dit alors qu'elles bénéficient d'un titre RNCP, dont la vocation et le contrôle portent essentiellement sur l'insertion professionnelle (débouchés, compétences acquises...) et non sur la qualité pédagogique (modalités d'enseignement, qualité du corps professoral). A garder en tête avant de se lancer dans ce type de formations: ces cursus "ne permettent pas toujours une poursuite d'études en France et encore moins à l'international et ne permettent pas d'être recrutés dans certains pays", pointe la CGE et la CDEFM. Il est aussi important de vérifier que la formation est bien recensée par le site de France compétences et de se renseigner sur le type d'intervenants prévus (professionnels, formateurs...). "Nous conseillons en revanche de fuir tous les programmes ne disposant d'aucune reconnaissance de l'Etat qui n'offrent donc aucune garantie sur la qualité ou l'insertion", recommande le président de la CGE.
Se renseigner sur l'école
Avant de débourser une coquette somme dans ces études, mieux vaut aussi se renseigner sur la réputation de l'école (par exemple via les classements), les infrastructures de l'établissement (campus, équipements), ses services d'accompagnement (bourses, job board, ateliers CV, coaching, journées métiers, aide au logement) ou encore sa vie étudiante (événements, associations). "La meilleure manière de se faire une idée claire sur le contenu d'une formation est encore de demander ce qu'ils en pensent à des anciens étudiants qui l'ont suivie", glisse Laurent Champaney.
A noter enfin qu'un groupe de travail porté par le ministère de l'Enseignement supérieur a été mis en place pour gagner en clarté. Il doit selon le quotidien La Croix déboucher fin 2024 sur l'ouverture d'une plateforme dédiée informant les familles sur le niveau de reconnaissance de chaque formation. En attendant, la prudence est de mise et pour les étudiants lésés, "par chance, se réorienter après le bac reste relativement facile, la vie ne s'arrête heureusement pas là".