Capucine rêvait de devenir pédiatre. En juin 2020, sur la plate-forme Parcoursup, ses espoirs s’effondrent. Refusée dans toutes les formations menant vers les études de médecine, la jeune lycéenne originaire de Poissy (Yvelines) entend alors parler des « prépas zéro » (P0). Proposées par des écoles privées hors contrat, ces formations d’un an proposent de préparer les étudiants aux licences parcours d’accès spécifique santé (PASS) et à la licence « accès santé » (L.AS), les deux voies qui permettent d’accéder aux études de santé, toujours très sélectives malgré la réforme de 2020.
En dépit de ses notes « moyennes » dans les disciplines scientifiques et de son premier échec pour entrer en médecine, Capucine et ses parents se laissent convaincre. « On m’a dit que ça allait me donner toutes les chances d’être acceptée en médecine, et que j’allais être bien préparée pour réussir ensuite la première année », se souvient-elle.
Au lieu de choisir une des licences de biologie où elle avait été acceptée, les parents de Capucine ont déboursé 10 000 euros pour qu’elle fasse une P0 – une somme considérable pour eux, tous les deux profs de danse. « Ça a été un sacrifice, ils ont dû travailler plus longtemps et faire une croix sur les vacances », relate-t-elle. Pendant un an, Capucine a suivi des cours calqués sur ceux des « vrais » étudiants en médecine, qu’elle dit avoir trouvés plutôt bien faits.
Quand les résultats de Parcoursup tombent à la fin de l’année de prépa, en juin 2021, elle déchante – comme presque toute sa promotion. « Pendant une longue période, on n’était pris nulle part », relate-t-elle. A l’issue d’un été « pénible », la plupart de ses camarades ont fini par être acceptés, pour la plupart dans des facultés très éloignées de Paris ou dans des licences d’accès santé, dans lesquelles les étudiants doivent choisir une licence de biologie, anglais ou encore philosophie, à laquelle est adossée une mineure en santé.
Mais Capucine, elle, n’a jamais pu rentrer en première année de médecine, ni en PASS ni en L.AS. « Je me suis sentie arnaquée. Surtout, je me suis sentie coupable d’avoir fait payer ça à mes parents », dit-elle d’une voix étranglée.
Risque d’être pénalisé sur Parcoursup
Ce que Capucine ne savait pas, tout comme la dizaine d’étudiants interrogés par Le Monde, c’est que ceux qui intègrent des prépas zéro sont lourdement pénalisés par plusieurs facultés de médecine pour l’entrée en PASS.
Pierre Tatincloux, vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France, estime qu’au moins une centaine d’élèves contactent chaque année son association, partout en France, pour se plaindre d’une mauvaise expérience avec une prépa zéro. Tous ceux à qui il a pu parler lui ont raconté qu’ils n’avaient pas été mis au courant du risque d’être pénalisés sur Parcoursup avant de s’inscrire et de payer.
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