La sixième Conférence nationale du handicap (CNH), qui a lieu tous les trois ans, s’est tenue fin avril en l’absence de nombreuses associations de défense des droits des personnes handicapées. Réunies au sein du Collectif Handicaps, elles ont boycotté l’événement, et déploré par la suite le « flou » des mesures présentées par Emmanuel Macron. Dans un entretien au Monde, la ministre déléguée chargée des personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq, précise les chantiers annoncés fin avril et les moyens qui y seront alloués, avec notamment 3 000 équipes de professionnels du socio-médical qui interviendront dans les écoles d’ici à 2027. Chaque ministre doit rendre publique sa feuille de route à l’été, et un comité de suivi sera créé.
La France s’est vu signifier mi-avril, par le Conseil de l’Europe, ses manquements quant au respect des droits des personnes en situation de handicap. Quel est votre propre constat ?
Le recours devant le Conseil de l’Europe fait par six associations date de 2018. Depuis, des progrès sont visibles, mais pas suffisamment, et nous devons aller plus loin. L’Organisation des Nations unies [ONU] a également souligné des manques, en 2021. Tout le monde est d’accord pour dire que nous ne sommes pas au rendez-vous de l’accessibilité universelle, c’est pour cela que le président de la République a annoncé un grand plan à ce sujet lors de la Conférence nationale du handicap.
Notons cependant les contradictions : l’ONU demande à désinstitutionnaliser, pour mieux inclure dans la société, tandis que le Conseil de l’Europe estime qu’il n’y a pas assez de places dans les établissements spécialisés. A mon sens, il faut écouter les personnes et déployer ce qu’elles souhaitent, grâce à une palette de solutions riches et équilibrées.
Emmanuel Macron a annoncé 1,5 milliard d’euros pour améliorer l’accessibilité, un montant inédit. Que financeront-ils précisément ?
Il s’agira de mettre en accessibilité les bâtiments de l’Etat et ses services numériques, et d’aider les collectivités et les établissements privés recevant du public – les commerces du quotidien, les cabinets médicaux – à faire de même. La loi fixant cette obligation remonte à 2005, et il faut donner un coup d’accélérateur, notamment à l’horizon des Jeux olympiques et paralympiques. Un système de sanctions sera déployé à partir de fin 2024.
Une enveloppe d’environ 400 millions d’euros est prévue pour achever la mise en accessibilité des principales gares, d’ici à 2027.
Pourquoi l’idée des associations de créer un observatoire des besoins n’a-t-elle pas été reprise ?
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