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Lycées professionnels : pour lutter contre le décrochage, l'exécutif veut des « filets de sécurité »

A partir de septembre, les lycéens professionnels montrant des signes de décrochage pourront être orientés, en cours d'année, vers d'autres structures d'accueil, comme le réseau des écoles de la deuxième chance. Des syndicats redoutent une externalisation du décrochage.

Dans une école de la deuxième chance, à Paris (18e arrondissement).
Dans une école de la deuxième chance, à Paris (18e arrondissement). (Denis/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 12 juin 2023 à 07:01Mis à jour le 12 juin 2023 à 10:36

« La première bataille, c'est de nous attaquer au décrochage », lançait Emmanuel Macron, début mai, en présentant sa réforme des lycées professionnels.

Pour « viser l'objectif zéro décrochage », l'exécutif envisage de généraliser, à la rentrée, un dispositif baptisé « Tous droits ouverts ». Dès la fin du premier trimestre, l'élève qui montre des signes de décrochage serait orienté vers des structures d'accompagnement, d'insertion ou de formation, sans attendre la fin de l'année. Tout en lui permettant de garder le statut scolaire et, éventuellement, de revenir au lycée. 

Les écoles de la deuxième chance sont l'un de ces dispositifs. Il faut « installer des filets de sécurité à tout moment du parcours de l'élève », avait plaidé Emmanuel Macron.

Compétences « transverses »

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Dans ces écoles, le parcours est en moyenne de sept mois, explique Alexandre Schajer, président du Réseau des écoles de la deuxième chance, dans un entretien aux « Echos ». Les jeunes, de 16 à 25 ans, acquièrent des « compétences qui permettent à l'entreprise de savoir s'ils sont employables ».

« On y fait du français, des mathématiques et de l'informatique, mais on parle des compétences 'savoir communiquer' ou 'savoir écrire', poursuit-il. Si vous leur dites qu'à 10 heures il y a cours de maths et à 11 heures, cours de français, ils s'en vont. »

Des compétences « transverses » (arriver à l'heure, dire bonjour…) complètent les apprentissages. Et 35 % du temps correspond à « des stages de résultats, et non d'observation ». Ces écoles ont signé des conventions avec de grandes entreprises (Unibail, Carrefour, Leroy Merlin, Ikea…) et avec des organisations professionnelles.

La tri-alternance

Le taux de raccrochage et de « sorties positives » vers un emploi ou une formation atteint 63 %, se félicite Alexandre Schajer. Mais quand il entend dire que les écoles de la deuxième chance sont là car l'Education nationale n'a pas fait son boulot, il bondit : « C'est toute la société qui est responsable. »

Dans le cadre de la réforme des lycées professionnels, il évoque la « tri-alternance », expérimentée dans l'académie de Reims, avec « un tiers de temps au lycée, un tiers à l'école de la deuxième chance et un tiers en entreprise ».

« A la fin, le bilan a conduit les jeunes vers l'apprentissage, dans 70 % des cas », indique encore Alexandre Schajer. Une expérimentation similaire a été lancée en Lorraine, avec des collèges et des classes Segpa - pour des élèves âgés de 16 ans et présentant de graves difficultés scolaires.

Alexandre Schajer, président du Réseau des écoles de la deuxième chance.

Alexandre Schajer, président du Réseau des écoles de la deuxième chance.Mathilde MAZARS/REA

Le président du Réseau des écoles de la deuxième chance a suggéré à la ministre déléguée à la Formation et à l'Enseignement professionnels, Carole Grandjean, de créer des « tiers-lieux ». « Ce serait bien d'avoir, dans les lycées professionnels, une ou deux salles pour y accueillir les décrocheurs, avec du matériel informatique et des animateurs » des écoles de la deuxième chance. Y seraient proposées des formations avec le CNED (Centre national d'enseignement à distance) pour ceux qui veulent une spécialité que ne propose pas leur lycée.

Le SNETAA-FO, principal syndicat de la voie professionnelle, a mis en garde contre une « externalisation rampante d'une partie des missions que les enseignants du lycée professionnel ont toujours remplies ».

Marie-Christine Corbier

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