Quelle orientation pour le Lycée professionnel ?

Les médias s’emparent en général moins du sujet du baccalauréat professionnel que de celui du bac général. Les épreuves écrites des enseignements généraux du baccalauréat professionnel sont pourtant nationales et concernent un peu plus de 180 000 candidats cette année...

Le bac pro fait, comme le bac général, l’objet de réformes qui transforment son organisation et sa logique – après la réforme de Jean-Michel Blanquer qui a initié un passage de quatre à trois ans en 2018, c’est le Président de la République Emmanuel Macron qui a lui-même lancé de nouvelles transformations dernièrement : la carte des formations va être repensée, les stages seront plus longs et rémunérés. Et, d’une manière générale, le lycée pro sera davantage tourné vers le monde du travail.

Ces réformes inquiètent de nombreux enseignants qui parlent de "destruction du lycée pro", mais aussi les élèves. Alors comment l’enseignement professionnel, qui scolarise essentiellement des jeunes des classes populaires, pourrait être repensé ? Il y a beaucoup à faire, à apprendre, à imaginer...

Louise Tourret s'entretient avec ses invités : Séverine Brelot, enseignante en PSE (prévention, santé, environnement) en lycée professionnel (académie de Lyon) syndiquée au SNUEP-FSU (Syndicat de l'enseignement professionnel public), Prisca Kergoat, professeure des universités en sociologie à l’Université Toulouse Jean Jaurès, directrice du CERTOP (Centre d'étude et de recherche travail, organisation, pouvoir), et autrice de De l'indocilité des jeunesses populaires. Apprenti.e.s et élèves de lycée professionnel (éditions La Dispute, 2022), Dylan Ayissi, fondateur de l’association "Une voie pour tous", qui travaille sur la justice scolaire, la valorisation et la transformation de la voie professionnelle, Ida Yao, Amadou Sall et Inès El-Karroubi, élèves en 1ère en AGOrA (Assistance à la gestion des organisations et de leurs activités) en lycée professionnel (académie de Versailles).

La citation

"On est engagé dans une réforme qui fait preuve d'un fort mépris social : déjà, en ne la confiant pas au ministère de l'Éducation nationale, ensuite, en augmentant le temps de stage des élèves qui les réduit à leur statut professionnel et, enfin, parce que les jeunes qui y accèdent sont plus jeunes qu'avant, depuis la suppression du redoublement. Le problème, c'est qu'on a d'un côté un lycée général qui devient de plus en plus élitiste, notamment avec Parcoursup, et de l'autre un lycée professionnel qu'on dévalorise avec des élèves qu'on réduit à leur statut de travailleurs." Prisca Kergoat

Illustrations sonores

• Jean-Pierre Chevènement au JT d'FR3 du 23 mai 1985
• Georges Pompidou dans Inter actualités (1968)
• Discours d'Emmanuel Macron du 04 mai 2023 à Saintes
• Nujabes (Feat. Shing02), Luv(sic) Partie 3 (2005)