Après l’émotion suscitée par le suicide de Lindsay – cette adolescente de 13 ans, victime de harcèlement scolaire, a mis fin à ses jours le 12 mai –, Pap Ndiaye continue de chercher la parade face à ce fléau qui touche un élève sur dix.
Le ministre de l’éducation nationale a écrit, vendredi 9 juin, aux 7 000 principaux de collège pour qu’ils organisent une heure de sensibilisation sur le thème « harcèlement et réseaux sociaux » à leurs 3,4 millions d’élèves dans la semaine du 12 au 16 juin. L’occasion de « rappeler la manière dont l’usage des réseaux sociaux peut accentuer les phénomènes de harcèlement » et de « souligner la responsabilité de chacun », précise le ministère.
La demande fait bondir enseignants et chefs d’établissement, alors qu’ils sont en pleine préparation des conseils de classe, des examens et de la rentrée scolaire. « C’est sans doute parce que les dossiers marqués du sceau de l’impréparation, de la précipitation et de la méconnaissance de terrain manquaient que le ministre a cru bon d’en ajouter un de plus », écrit ainsi, avec une véhémence rare, Bruno Bobkiewicz, le secrétaire général du principal syndicat des chefs d’établissement, le SNPDEN-UNSA, dans une communication destinée à ses adhérents.
Comme « les effets d’annonce ne régleront rien », l’organisation donne pour consigne à ses membres de « ne pas agir dans des délais aussi intenables », face à un problème « multiforme » qui « dépasse largement les portes de l’établissement ». Le syndicat propose de remettre cette sensibilisation à « un moment plus opportun » : « La rentrée 2023 semble tout indiquée pour cela », fait savoir Bruno Bobkiewicz.
« Cycle infernal »
Cette heure de sensibilisation entreprise « quasiment du jour au lendemain » confirme pour Sophie Vénétitay, responsable du syndicat d’enseignants du second degré SNES-FSU, le « cycle infernal » de la lutte contre le harcèlement scolaire : « Drame, réactions médiatiques et politiques, annonces en réactions et à court terme. » Les enseignants « se retrouvent prisonniers de cette boucle infernale », alors que seul « un travail de fond » permettra de « faire bouger les choses », juge la syndicaliste.
Cette nouvelle mesure – et ce nouveau couac – marque la fébrilité du ministère de l’éducation nationale et de son locataire devant les drames qui se répètent et l’écho médiatique et politique qu’ils suscitent. La mère de Lindsay – Pap Ndiaye l’a rencontrée, lundi 5 juin – a fragilisé le ministre, déjà bien affaibli politiquement, en jugeant qu’il n’avait pas été « sincère » et leur avait apporté une réponse « insuffisante ».
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