Publicité
Décryptage

Insertion des diplômés de grandes écoles : 3 très bonnes nouvelles et 2 moins réjouissantes

DATA// Les diplômés Bac+5 sont décidément bien lotis. Alors qu'ils arrivent sur un marché de l'emploi qui leur est favorable (+15 % de cadres recrutés en 2022 selon l'APEC), ils battent cette année les records d'insertion depuis deux décennies. De cette édition 2023 de la Conférence des grandes écoles, on vous décrypte trois bonnes nouvelles, et deux qui font moins plaisir.

Pour la promotion 2022, le taux net d'emplois des diplômés atteint 90,5 %.
Pour la promotion 2022, le taux net d'emplois des diplômés atteint 90,5 %. (GettyImages/Tara Moore)

Par Fleur Bouron

Publié le 14 juin 2023 à 13:01Mis à jour le 15 juin 2023 à 15:29

Comme tous les ans, la Conférence des grandes écoles (CGE) dresse un bilan pour l'année en cours de l'intégration des diplômés de grandes écoles, de 2020, 2021 et 2022. Parmi les 199 établissements membres, 194 ont répondu (voir encadré sur la méthodologie en bas de page). Commençons par les bonnes nouvelles…

Neuf diplômés 2022 sur dix ont trouvé du boulot

Déjà élevé l'an dernier (89,8 %), le taux net d'emplois des diplômés se maintient au-dessus des niveaux d'avant crise sanitaire de 2020, et atteint même un niveau record depuis deux décennies (90,5 %). Le recrutement des ingénieurs connaît la plus grande hausse, +2 points en un an, quand celui des managers recule légèrement (-0,9 point) et reste stable pour les écoles d'autres spécialités (IEP, écoles d'architecture, de journalisme, de communication, de design, universités).

Les diplômés au boulot donc, et plus vite que ça : cette année, plus des deux tiers des étudiants de grandes écoles ont signé leur premier contrat avant la sortie d'école. En moins de quatre mois après la fin de leur cursus, la quasi-totalité (95,8 %) a une activité professionnelle. « Le recrutement rapide vaut pour tous les types d'école, et autant pour les femmes que les hommes. L'embauche est la plus rapide pour les ingénieurs : 71,6 % de contrat avant le diplôme, ce qui est encore mieux que l'an dernier (66 %) », souligne la CGE dans son rapport.

Publicité

Des conditions de recrutement au beau fixe

Qui plus est, les jeunes diplômés sont en grande majorité (85,5 %) embauchés en CDI (+3,7 points par rapport à 2021). « Cette nette augmentation est un bon signe de la pérennité de l'emploi en France », souligne Nicolas Glady, vice-président de la CGE en charge de Formation et Carrières et directeur de Télécom Paris.

En 2023, les jeunes actifs recrutés en tant que « cadre » sont également plus nombreux. Chez les ingénieurs, cette proportion est nettement supérieure à celle des autres écoles : 92,1 % en moyenne pour les ingénieurs, 81,2 % pour les managers et 71,8 % pour les diplômés d'autres spécialités. Mais selon les formations (ingénieurs, management ou autres), la part de femmes cadres est de 7 à 9 points inférieure à celle des hommes.

Cerise sur le gâteau : le salaire moyen est en hausse

Les offres d'emploi pour les cadres tirent les salaires (hors prime) à la hausse. Entre 2022 et 2023, selon la CGE ils progressent en moyenne de 4,5 % sur un an. Les ingénieurs voient leurs rémunérations augmenter plus significativement que celles des managers (+4,9 % contre 3,1 %). Même si, à l'entrée, ces derniers ont toujours un salaire brut annuel moyen (hors prime) plus élevé : 39.332 euros, contre 37.601 euros pour les ingénieurs.

Pour ce qui est des mauvaises nouvelles...

Les femmes gagnent toujours moins que les hommes

Mais dans ce réjouissant panorama, une ombre vient ternir le tableau : l'écart salarial entre les femmes et les hommes de la promotion sortante reste notable, et équivalent à ceux de 2022. Le salaire moyen (hors prime) des hommes est supérieur de 5,5 % à celui des femmes (39.000 contre 36.949 euros).

Et cette disparité s'accentue pour les tranches basse et haute des salaires : les femmes sont plus nombreuses (12,7 %) que les hommes (4,8 %) en dessous de 30.000 euros annuels brut. Au-delà de 42.000, la situation s'inverse : on y retrouve 19,4 % des femmes contre 26,2 % des hommes.

Moins grave et plus conjoncturel : toujours moins de jobs à l'étranger

Un diplômé sur neuf travaille aujourd'hui à l'étranger, c'est encore moins que les années précédentes (11,7 % en 2022, 12,5 % en 2021 et 13,8 % en 2020). Les pays privilégiés sont presque tous des voisins : la Suisse, le Luxembourg, le Royaume-Uni et le Canada, « soit des places financières connues pour les managers, et des pays où les sciences et les technologies sont reconnues pour les ingénieurs », souligne le vice-président du collectif Nicolas Glady.

Publicité

La crise sanitaire et l'instabilité géopolitique ont détourné les diplômés de destinations d'expatriation auparavant plus habituelles comme la Chine, la Russie et les Etats-Unis. « La fluidité des échanges internationaux est plus difficile qu'il y a cinq ans », ajoute le président de la CGE Laurent Champaney. En parallèle, « la conjoncture favorable sur le marché de l'emploi des cadres favorise aussi la prise de poste en France », peut-on lire dans l'étude de la CGE.

A noter : 38,6 % de diplômés de 2022 en poste en 2023 déclarent que la RSE fait partie intégrante (en totalité ou occasionnellement) de leur fiche de poste. A mettre en parallèle avec l'étude Universum sur l'importance de la RSE dans la recherche d'emploi des jeunes, parue en 2022 selon laquelle 59 % des candidats feraient abstraction des valeurs de l'entreprise au profit d'une mission ou d'une rémunération intéressante .

Une nouvelle en demi-teinte sur laquelle on vous laisse méditer.

Méthodologie

Cette enquête a été réalisée par la Conférence des grandes écoles entre décembre 2022 et mars 2023. 194 écoles ont répondu sur les 199 concernées (135 écoles d'ingénieurs, 37 écoles de management et 22 écoles d'autres spécialités : Instituts d'Etudes Politiques, écoles d'architecture, de journalisme, de communication, de design, universités). En tout, on compte 100.557 répondants. Les promotions de diplômés observés sont celles de 2020, 2021 et 2022.

Fleur Bouron

Publicité