Dans la tech européenne, les femmes sont toujours sous-représentées et sous-financées

En ce qui concerne la parité, les années se suivent et se ressemblent dans la tech. En 2022, seul 10% des nouvelles startups ont été créées par des femmes. Pire, les équipes féminines n’ont obtenu que 7% des levées de fonds réalisées dans l’année et ne concentrent que 2% de l'argent obtenu.

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Dans la tech européenne, les femmes sont toujours sous-représentées et sous-financées

En France, le secteur technologique est loin d’être un bon élève quand il s’agit de parité. Le constat, établi de longue date, a été remis sur la table par le collectif Sista, et étendu à l’échelle européenne. Le 13 juin 2023, l’association a publié, avec le cabinet de conseil international Boston Consulting Group (BCG), la quatrième édition de son baromètre annuel sur l’égalité des sexes dans l’écosystème tech.

10% des start-up créées par des femmes

En 2022, les startups fondées par des femmes sur les principaux marchés européens (France, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni et Suède) ne représentaient que 10% du total des startups créées. Lorsqu’on étend la recherche aux entreprises qui comptent au moins une femme parmi les fondateurs, le pourcentage passe à 22%. Les chiffres français sont en dessous de la moyenne européenne : 20% des startups ont été créées par une équipe mixte en 2022.

Cette sous-représentation s’explique en partie par le fait que les femmes sont moins nombreuses à choisir la voie du numérique, les filières de formation STEM (science, technologie, ingénierie, mathématiques). La proportion de femmes diplômées dans le secteur est de 17% selon la dernière étude Gender Scan 2022 du cabinet Global Contact. Sur ce point, mettre en place des campagnes de communication dès le lycée pour susciter des vocations peut être une solution.

Les femmes ont plus de mal à lever des fonds 

Ce qui est d’autant plus inquiétant, c’est que le rapport constate une dégradation de la place des femmes tout au long du parcours de vie des start-up. En Europe, les équipes féminines ne concentrent que 7% du nombre de levées de fonds réalisées et seulement 2% des fonds levés. Le montant moyen obtenu par les équipes composées uniquement de femmes reste environ quatre fois inférieur à celui des équipes composées uniquement d'hommes.

Selon les pays, les start-up créées par des hommes captent de 77 à 91% du total des fonds levés, ce qui ne laisse que 7% à 22% aux équipes mixtes et seulement 1% à 5% aux équipes féminines. Les femmes sont exclues des grandes opérations de collecte de fonds : 94% de leurs levées sont inférieures à 15 millions d'euros, et seulement deux opérations sont supérieures à 50 millions d'euros contre 215 pour les hommes en 2022.

De plus, Alexia Reiss, déléguée générale de SISTA, explique dans le communiqué que "les montants levés par les femmes tendent à atteindre un plafond de verre après six ans d'existence de la startup, alors que les montants levés par les hommes explosent".

Le rôle des investisseurs

Là-dessus, ce sont les décideurs des fonds d’investissement (qui sont à 85% des hommes) qui pourraient changer la donne. Le collectif Sista affirme qu’ils peuvent avoir tendance à sous-estimer les capacités des femmes entrepreneures en raison de stéréotypes de genre, de biais cognitifs qui associent les femmes à des qualités comme la compassion et la prudence plutôt qu’à la compétence et à l’ambition.
Pour s’en débarrasser ou du moins faire en sorte qu’ils les influencent le moins possible, l'association fait plusieurs recommandations aux fonds d’investissement.

D’abord, anonymiser les candidatures en créant un modèle de note d’investissement qui se concentre sur les données de la taille du marché ou les KPI de démarrage.Ensuite, veiller à ce que leurs équipes d’investissement soient équilibrées lors des entretiens pour constituer un environnement plus accueillant pour les femmes fondatrices. Et enfin, préparer un modèle d’entrevue avec des questions types pour éviter les questions biaisées et assurer une certaine égalité.

La France à la traîne par rapport aux Etats-Unis

Le collectif appelle par ailleurs à une intervention plus poussée de l’Etat sur ces questions. Il assure que si certaines incitations gouvernementales ont été mises en place en France telle que la Loi Rixain, et plus récemment le Pacte Parité – instauré par la Mission French Tech pour que les start-up s’engagent à atteindre le seuil minimal de 20% de femmes siégeant à leur board d'ici 2025 et 40% d'ici 2028 – le pays reste "largement à la traîne par rapport aux États-Unis lorsqu'il s'agit de parler de la question de la diversité des genres et de s'y attaquer".

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