Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Industrie verte : quels moyens pour former les ingénieurs ?

La « réindustrialisation verte » française ne se fera pas sans une nouvelle génération d'ingénieurs à la manœuvre. Le Gouvernement a bien l'intention d'augmenter leur nombre mais n'a pas encore donner les moyens nécessaires pour y parvenir.

Gouvernance  |    |  F. Gouty
Industrie verte : quels moyens pour former les ingénieurs ?
Actu-Environnement le Mensuel N°437
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°437
[ Acheter ce numéro - S'abonner à la revue - Mon espace abonné ]

Lors de la présentation du projet de loi « Industrie verte » en mai, le Gouvernement s'est engagé à passer la barre des 50 000 ingénieurs diplômés par an avant la fin du quinquennat. L'objectif ? Anticiper la demande suscitée par cette « réindustrialisation » française (aussi bien pour satisfaire les créations d'emplois que les départs en retraite à venir), à savoir une estimation de 54 000 ingénieurs dans l'industrie et l'informatique en 2030.

De premiers objectifs

« Nos entreprises recrutent 100 000 collaborateurs et collaboratrices chaque année sur des métiers pleins de sens, assure Pierre Verzat, président de Syntec-Ingénierie, la Fédération professionnelle des entreprises de l'ingénierie. Grossissons les rangs des ingénieurs et techniciens formés, l'ingénierie saura mettre à profit leurs compétences. » Le hic, c'est que parmi ces recrutements, 20 000 ne trouvent pas les ingénieurs qu'ils recherchent. En France, en moyenne, 35 000 à 40 000 diplômes d'ingénieurs sont délivrés chaque année.

Pour participer à combler l'écart, le projet de loi mise essentiellement sur deux engagements. D'une part, augmenter de 22 % le nombre d'étudiants acceptés par les écoles d'ingénieurs sous la tutelle du ministère de l'Économie, à savoir celles de l'Institut Mines-Télécom et des Mines-Paris, représentant un gain de 2 300 nouveaux étudiants par an. Le ministère compte, d'autre part, sur une plus forte féminisation des effectifs de ces établissements : 28 % d'étudiantes contre 20 % à l'heure actuelle.

En parallèle, le Gouvernement entend généraliser l'obtention du statut d'ingénieur en entreprise par le biais d'une validation d'acquis d'expérience (VAE). « Ce dispositif est indispensable pour reconnaître les compétences acquises de fait par de nombreux professionnels sur le terrain et démocratiser ainsi l'accès au titre d'ingénieur, assure la présidence de Syntec-Ingénierie. Cette garantie d'éligibilité par VAE renforcerait l'attractivité du dispositif auprès des jeunes et permettrait d'insérer efficacement et massivement plus de professionnels dans l'ingénierie. »

La nécessité d'accorder des moyens concrets

“ Grossissons les rangs des ingénieurs et techniciens formés, l'ingénierie saura mettre à profit leurs compétences ” Pierre Verzat, Syntec-Ingénierie
Cependant, l'introduction promise de tels objectifs ne s'adjoint pour l'instant pas de dispositions concrètes pour les réaliser. « Augmenter le nombre de jeunes dans les formations technologiques et d'ingénieurs implique d'augmenter significativement le nombre de candidats et de candidates dans ces formations, souligne une communication de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (Cdefi). Positionner la culture scientifique au cœur de l'enseignement, redorer l'image des formations et métiers techniques et scientifiques, lutter contre les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge, accroître l'attractivité des formations françaises auprès des étudiants internationaux et leur en faciliter l'accès doivent faire l'objet de mesures fortes. »

Pour mettre en œuvre cette ambition, les deux organisations appellent ainsi le Gouvernement à lancer, dans un premier temps, une grande campagne d'orientation et d'information sur les métiers d'ingénieurs de l'industrie verte, en mettant notamment l'accent sur des « modèles féminins » en activité. La Cdefi demande, quant à elle, une augmentation des dotations pour renforcer les moyens humains et financiers associés à cette ambition grandissante. « Une formation d'ingénieur représente un coût de 11 000 euros par an par apprenant hors recherche », estime l'organisation. Cette organisation table même déjà sur « trente projets d'écoles d'ingénieurs adressant plusieurs thématiques prioritaires du (plan) France 2030 (pour) former 3 000 assistants ingénieurs et ingénieurs supplémentaires dès la rentrée 2023 », représentant un investissement « d'environ 300 millions d'euros sur cinq ans ».

Mieux structurer l'ingénierie écologique

Cette nouvelle génération d'ingénieurs devrait, par ailleurs, bénéficier d'un enseignement dédié davantage aux enjeux écologiques, grâce au plan de « généralisation de l'enseignement des enjeux de transition écologique et de développement durable » d'ici 2025 lancé par le ministère de l'Enseignement supérieur. Mais qu'en est-il des ingénieurs destinés plus spécifiquement aux métiers de la transition écologique ? D'après un rapport de l'Observatoire prospectif de l'ingénierie (Opiiec), la transformation de la filière nécessitera la création d'au moins 8 400 postes en équivalent temps plein (ETP) sur des missions de limitation ou d'adaptation au réchauffement climatique d'ici à 2025, en plus des 42 000 postes similaires déjà existants.

Dans cette optique, la Fédération Syntec (qui regroupe des syndicats professionnels, dont Syntec-Ingénierie) et l'Opérateur des compétences des sociétés de services financiers et du conseil (Opco Atlas) ont signé, le 14 février dernier, un accord-cadre d'engagement de développement de l'emploi et des compétences (Edec) avec l'État. Concrètement, ce dernier s'engage ainsi à délivrer des aides techniques et financières aux acteurs de la branche ingénierie, en l'occurrence pour accentuer l'expertise des métiers de l'ingénierie sur le climat.

Cet accord s'articule autour du déploiement de cinq nouveaux dispositifs : un référentiel de compétences, afin d'identifier les expertises existantes ou nécessaires en matière de climat et de biodiversité ; une certification « Créateur de changement pour le climat et la biodiversité », afin de valoriser des missions écologiques « à double voire à triple-compétences », et créer le contenu numérique de formation adéquat ; un « tutorat climat », en constituant un réseau de référents sur ce type de missions ; un « AFEST climat » (pour action de formation en situation de travail), consacré à la montée en compétences des professionnels déjà en exercice ; et enfin, un plan de communication « pour promouvoir le rôle du secteur de l'ingénierie face au changement climatique ».

Réactions1 réaction à cet article

C'est surtout les décisions politiques qui sont en jeu, les promesses de la société de consommation.
Si l'on vous dit qu'il va falloir remplacer vos toilettes à eau par des toilettes "sèches", vous ne serez pas enthousiastes !
Alors certes c'est bien d'améliorer, mais modifier notre mode de vie pour plus de frugalité, ce n'est pas le rôle de l'ingénieur...

28plouki | 20 juin 2023 à 09h52 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Félix Gouty

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Barrière anti-inondation ESH/LN 2 L'eau Protection