Pendant la crise Covid, 15% des enfants auraient eu besoin de consulter pour motif psychologique

Au plus fort de l’épidémie de Covid-19, près d’un enfant sur six a eu besoin de soins en santé mentale, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministères sociaux) publiée ce 20 juin 2023. Plus précisément, 12% des 3-17 ans ont consulté pour un motif psychologique entre mars 2020 et juillet 2021, dont environ la moitié qui n’étaient pas suivis avant le début de la crise sanitaire. A ces enfants, s’ajoutent 5% d’enfants qui avaient besoin d’aide sur le plan psychologique pendant cette période et qui n’ont pas consulté, selon le parent répondant à l’enquête. Soit un total de 15% ayant eu ce besoin d’aide, selon les parents répondants. Parmi les jeunes filles ayant consulté, "une importante progression des recours aux soins de santé mentale est observée chez les 15-17 ans".   

Ces chiffres sont issus du troisième volet de l’enquête Épidémiologie et Conditions de vie liées au Covid-19 (EpiCov), réalisée en juillet 2021 auprès de 85.000 personnes âgées de 15 ans et plus. Ces dernières ont répondu à des questions sur leur propre santé mentale et, le cas échéant – soit environ 20.000 personnes -, sur celle de leur enfant (ou d’un de leurs enfants) âgé de 3 à 17 ans. Élaborée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et la Drees, en collaboration avec Santé publique France et l’Insee, cette étude de cohorte a donné lieu à de nombreuses autres publications, dont deux sur la dégradation de la santé mentale chez les jeunes.

Dans cette nouvelle étude, figure une estimation des difficultés psychosociales rencontrées par les enfants, avec "d’importantes disparités, observées très tôt dans l’enfance, entre filles et garçons". 10% des garçons et 7% des filles de 3 à 17 ans seraient concernés. Les garçons "ont plus de problématiques externalisées (comportement, hyperactivité, inattention), qui tendent à décroître avec l’âge ; alors que les filles présentent plus de problématiques émotionnelles (anxiété, tristesse), qui tendent, elles, à croître avec l’âge", résume la Drees. Plusieurs facteurs sont associés à ces difficultés : d’abord la santé mentale du parent répondant, mais également "un temps élevé d’exposition aux écrans et un temps faible consacré à la lecture et aux activités physiques". Les enfants issus de familles plus modestes sont davantage concernés par ces difficultés psychosociales et recourent moins souvent aux soins.

"Sortent également ce jour les premiers résultats de l’enquête Enabee conduite par Santé Publique France en collaboration avec l’Éducation nationale", indique la Drees. Intégrant les trois points de vue de l’enfant, du parent et de l’enseignant, cette autre étude "permet une évaluation au plus juste du bien-être et de la santé mentale des enfants" et propose une estimation de la prévalence des troubles émotionnels, oppositionnels ou de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez les enfants de six à onze ans