Pour la première fois, une étude épidémiologique d’ampleur nationale a été réalisée sur la santé mentale auprès des écoliers de 6-11 ans, une population pour laquelle il n’y avait jusqu’ici aucun indicateur. 13 % des enfants scolarisés de 6 ans à 11 ans présenteraient un trouble « probable » de santé mentale, selon les premiers résultats de l’étude Enabee dévoilée mardi 20 juin par Santé publique France (SPF), lors des rencontres de l’agence sanitaire. Cela représente environ trois enfants dans une classe de trente élèves. « Avoir enfin une étude d’une grande ampleur sur la santé mentale de l’enfant est une bonne nouvelle », souligne Diane Purper-Ouakil, responsable du service de pédopsychiatrie du CHU de Montpellier, qui n’a pas participé à ce travail. Le manque de données avait d’ailleurs été signalé pendant la crise sanitaire, alors que des besoins criants avaient été mis en lumière à cette occasion.
« C’est un très grand pas en avant, une première brique à un dispositif d’observation épidémiologique pérenne », explique Stéphanie Monnier-Besnard, épidémiologiste, cheffe de projet d’Enabee, pour qui « l’enjeu est d’en parler, d’informer, afin d’accélérer la prise de conscience, la déstigmatisation du trouble mental ». « Cette étude – représentative de la population française métropolitaine – donne une vision des difficultés de l’enfant à l’école. C’est une victoire d’avoir réalisé en un temps record une telle étude permettant de croiser les regards des enfants, des parents et des enseignants, estime le professeur Richard Delorme, responsable du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert-Debré (AP-HP), qui a coordonné la partie scientifique de l’étude. Cela témoigne aussi d’un engagement fort pour une politique publique en faveur de l’enfance et de son avenir. »
Derrière ce chiffre de 13 % se cachent des troubles potentiels et de diverses natures : 5,6 % ont une forte probabilité d’avoir un trouble émotionnel (troubles anxieux ou dépressifs), 6,6 % un trouble oppositionnel (irritabilité, humeur colérique, comportement querelleur qui dépasse les querelles de fratries et persiste plusieurs mois), et 3,2 % un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Fait notable : les troubles anxieux et dépressifs sont plus élevés chez les filles tandis que les troubles du comportement sont plus fréquents chez les garçons.
« Cela va dans le même sens que des données de la littérature scientifique », précisent les auteurs. Une étude européenne, publiée en 2016, utilisant une méthode similaire, montrait que 12,8 % des enfants de 6 ans à 11 ans présentaient un trouble probable de santé mentale.
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