«Je pensais faire mon MBA à la trentaine. Je l’effectue à 27 ans, après quatre ans d’expérience professionnelle», confie Jean-Baptiste Claquin qui suit le cursus de l’Essec. Le Covid a changé les plans de ce diplômé du bachelor de l’École hôtelière de Lausanne. «L’industrie hôtelière a été particulièrement touchée par le Covid, rappelle-t-il. Je travaillais au Japon dans un hôtel qui fonctionnait sur la demande touristique étrangère. Je me suis posé des questions et je me suis décidé plus tôt que prévu. Mon objectif est de m’ouvrir le plus de portes dans le domaine hôtelier.»

Un MBA s’effectue après quatre à sept ans de vie active et une expérience managériale. L’important est d’avoir acquis une maturité suffisante pour profiter d’un programme qui fait appel à l’expérience de chacun. Autre raison plus pratique: une telle formation suppose d’être mobile et est difficile à concilier avec une vie de famille.

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Les étudiants des Executive MBA, quant à eux, ont en moyenne entre 35 et 45 ans, voire plus. Après plus de vingt ans de carrière dans le transport et la logistique, Emmanuel Delplanque, 47 ans, a souhaité prendre du recul. Ancien directeur supply chain Europe d’un grand groupe, il suit l’Executive MBA de Skema et compte créer sa société de conseil. «J’avais le sentiment qu’il me manquait une vision transverse. Tandis que l’organisation dans mon entreprise avait commencé à basculer avec le changement de direction», explique-t-il.

À chacun ses motivations

Pour Alon Rozen, directeur de l’École des Ponts Business School, suivre un EMBA cache de fait un moment de bascule. Ces profils ambitieux ne trouvent plus la satisfaction qu’ils attendaient dans leur travail. Ils arrivent à un point d’inflexion qui peut provoquer une véritable remise en question professionnelle et personnelle. «Il faut au moins cinq ans d’expérience managériale, estime-t-il. Mais on peut voir des hauts potentiels de 26 ans, très ambitieux et des professionnels qui souhaitent à 55 ans préparer le dernier chapitre de leur carrière. On rencontre aussi des personnes qui ont eu un MBA il y a vingt ans, le monde a changé et ils souhaitent réactualiser leurs compétences.»

Stéphanie Ousaci, directrice du EMBA d’EMLyon, observe des cadres de 50 ans qui désirent se lancer dans la reprise d’entreprise, des femmes qui, les enfants ayant grandi, estiment le temps venu de faire un EMBA.

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À 43 ans, Sophie Javelaud n’a qu’un regret: ne pas avoir décidé de suivre l’EMBA d’Audencia plus tôt. «Si c’était à refaire, je l’aurais effectué trois ans auparavant», dit-elle. Directrice générale adjointe d’une société de banque assurance, elle avait assuré l’intérim de la direction générale. «La nouvelle directrice générale est restée deux ans, raconte-t-elle. J’ai postulé pour la remplacer. On m’a répondu que le poste n’était pas fait pour moi. En quinze ans, j’avais grimpé très vite les échelons avant d’être bloquée.» Elle a finalement quitté la société neuf mois après avoir entamé sa formation afin de «reprendre sa vie en main».

Y a-t-il un âge pour de tels cursus? Pour Emmanuel Delplanque, l’important est de déterminer des priorités. «Mes enfants sont grands, autonomes, l’organisation familiale est plus facile, explique-t-il. Je me suis dit que je voulais décider de mon avenir professionnel.»