Les acteurs de l’aéronautique cherchent la clé pour pallier leurs difficultés de recrutement

À l’occasion du 54e salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, plusieurs régions ont présenté des initiatives pour soutenir l’emploi et la formation dans leurs territoires respectifs. Face à une pénurie de main-d’œuvre déjà à l’œuvre, les acteurs du secteur cherchent à convaincre les jeunes et les demandeurs d’emploi de rejoindre une filière aujourd’hui décriée sur fond de décarbonation.

La filière aéronautique normande, Normandie AéroEspace (NAE), a choisi de prendre le taureau par les cornes : ce vendredi 23 juin, ce sont pas moins de 1.500 jeunes de la région qui vont rejoindre l’aéroport du Bourget à bord d’une trentaine de cars affrétés spécialement par NAE pour leur permettre de découvrir les entreprises normandes du secteur présentes en nombre sur le SIAE (salon international de l’aéronautique et de l’espace). Une initiative destinée à les réconcilier avec une industrie victime depuis quelques années d’un véritable "aérobashing", déplorent les industriels, qui n’est pas sans conséquences sur le plan des ressources humaines.

Des actions de sensibilisation en direction des jeunes normands

Alors que le Gifas (groupement des industries françaises aéronautique) anticipe pour 2023 près de 18.000 recrutements en France dans le domaine de l’aéronautique, NAE table sur 2.000 postes à pourvoir d’ici la fin de l’année pour la seule Normandie. La filière, qui a renouvelé en début d’année sa contractualisation triennale avec la région, se penche sérieusement sur la question de l’attractivité des métiers. "Nous menons avec le rectorat plusieurs actions de sensibilisation auprès des jeunes", explique Laurent Couppechoux, responsable de projets emploi formation au sein de NAE. Le dispositif le plus emblématique étant le BIA, brevet d’initiation aéronautique, proposé au sein d’une cinquantaine d’établissement scolaires de Normandie, que 940 jeunes ont décroché en début d’année. NAE sensibilise également au travers du "challenge drones" organisé au sein d’une trentaine d’établissements ainsi qu’avec un "serious game" qui tourne dans les écoles du territoire.

NAE veut "semer la culture aéronautique"

À travers ces actions de sensibilisation aux métiers de l’aéronautique et du spatial, ponctuées par une visite du Bourget, la filière normande veut se donner les moyens de développer sa "marque employeur" auprès des jeunes. L’enjeu, résume Laurent Couppechoux, consiste à "semer la culture aéronautique auprès de l’ensemble des acteurs de l’éducation pour orienter les jeunes vers les formations initiales ou l’alternance". Alors que les carnets de commandes n’ont jamais été aussi pleins, les entreprises du secteur continuent de lutter contre certains tabous : "L’aéronautique fait toujours rêver mais il fait aussi peur alors que l’on peut entrer avec un CAP et pas uniquement un bac +8 !"

Quant à "l’aérobashing", "on sent une vraie sensibilité chez les jeunes pour l’écologie", reconnaît le représentant de NAE. "À nous de montrer que l’aéronautique fait des efforts dans ce domaine et qu’il existe un véritable engagement de l’ensemble de la chaine de valeur pour intégrer ces enjeux de la décarbonation qui sont stratégiques pour l’ensemble de la filière."

L’Occitanie parie sur les demandeurs d’emploi

En région Occitanie, "le berceau de l’aéronautique et du spatial", l’enjeu est identique en termes de besoins de main-d’œuvre et l’accent est mis sur l’accompagnement des demandeurs d’emploi, confirme Carole Delga : "Les entreprises de la branche vont beaucoup embaucher" et la région met tout en œuvre pour qu’elles trouvent sur place les ressources dont elles ont besoin. La région a ainsi annoncé un engagement de 70 millions d'euros d’ici 2027 pour "accompagner la filière face aux défis de recrutements et de maintien d’attractivité". La collectivité est également à l’initiative de la création d’une "Task force aérorégionale" qui réunit l’ensemble des opérateurs régionaux de l’emploi et de la formation (État, région, UIMM, réseau consulaire, Opco, Pôle emploi, missions locales, organismes de formation...) qui a permis cette année de mobiliser 14 millions d'euros pour financer 2.200 places de formation pour les demandeurs d’emploi dans le domaine de l’industrie. La région participe également au financement de formations sur-mesure, comme avec Airbus à travers le soutien de 95 personnes sur les métiers de mécaniciens système et d’intégrateurs.

Une aide de 2.000 euros dès juin 2023 en Île-de-France

Quant à l’Île-de-France, région qui dispute à l’Occitanie le titre de "première région aéronautique française" avec ses quelque 100.000 emplois dont 40% dans la R&D, sa présidente, Valérie Pécresse, a annoncé mardi 20 juin à l’occasion du salon du Bourget la mise en place d’une aide de 2.000 euros dès juin 2023 pour les demandeurs d’emploi qui acceptent de se former dans les métiers de l’aéronautique. Le RJA (revenu jeunes actifs) passera de 4.000 euros à 5.000 euros pour les jeunes de moins de 25 ans qui suivraient ce type de formation pendant six mois.

 

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