Le rendez-vous s’est tenu le 14 février. Martin Hirsch était attendu à l’université Paris-Est Créteil (UPEC) par le doyen de droit et son équipe. Comme pour un grand oral, le vice-président exécutif du groupe d’enseignement supérieur privé Galileo Global Education (GGE) a présenté « Cap Réussite », un projet de partenariat entre les deux établissements. Après une discussion nourrie, la réunion s’est conclue par un vote favorable unanime du conseil de la faculté de droit.
« Cap Réussite » est un « parcours alternatif vers les métiers juridiques » proposé aux étudiants en première année de licence de droit en situation d’échec et qui souhaitent se réorienter. Selon la plaquette, il s’agit, dans un premier temps, de « mieux se connaître » pour « devenir acteur de son projet d’études ou professionnel ».
Le 4 avril, Martin Hirsch est retourné à l’UPEC à l’occasion d’un « mardi de l’orientation » organisé par les services de l’université. Dans un amphithéâtre clairsemé, il s’est plié au même exercice de présentation, face à des étudiants cette fois.
D’avril à juin, sept d’entre eux se sont engagés dans le « parcours ». Outre plusieurs cours à la faculté, ils ont été invités à « prendre conscience de [leurs] atouts », notamment grâce à des exercices d’improvisation du Cours Florent, dont GGE est propriétaire. L’ensemble des écoles du groupe les a accueillis pour une « immersion d’une demi-journée » en vue de leur permettre d’« affiner leur projet d’études ».
« Manne pour les officines privées »
Leur exploration de la galaxie Galileo aura pour terme « l’école de droit » Elije, où ces étudiants pourront intégrer une formation de juriste en alternance en septembre, conduisant à l’obtention du titre professionnel d’assistant juridique, délivré par le ministère du travail. « Cette formation portée conjointement par l’UPEC et Galileo Global Education est d’autant plus avantageuse qu’il vous suffira de vous acquitter des droits de scolarité de l’université pour vous y inscrire », fait valoir la plaquette de promotion.
Quand Vérène Chevalier a découvert l’initiative, elle est tombée des nues. « Depuis vingt-cinq ans que j’enseigne, c’est la première fois qu’il y a une telle intrusion d’un groupe privé dans une université, rapporte la maîtresse de conférences en sociologie, qui siège au conseil d’administration de l’UPEC. C’est grave, car il s’agit d’une mise à disposition de personnels et de locaux de l’université au service de l’enseignement privé. Cela concerne non seulement l’UPEC, mais l’enseignement supérieur dans son entier. »
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