Pas facile de mettre la main sur Davide Pozzi. Comme les stars dont il contribue à rétablir le lustre sur grand écran, le directeur de L’Image retrouvée, un ensemble de laboratoires de restauration de films, voyage beaucoup. En France, où il a ouvert en 2016 une filiale de 25 techniciens, à Paris, au Pays-Bas (13 techniciens) et jusqu’à Hongkong, où trois personnes manipulent les bobines des chefs-d’œuvre du cinéma asiatique. Sans oublier l’Italie, où il vit.
Affilié à la cinémathèque de Bologne – organisant chaque année, depuis 1986, le festival Il cinema ritrovato, un événement qui attire en toute discrétion la cinéphilie mondiale, de Martin Scorsese à Guillermo del Toro, en passant par Isabelle Huppert ou Francis Ford Coppola –, L’Image retrouvée s’est spécialisé dans la restauration numérique de vieux films dès 1992.
Pour découvrir le travail de Davide Pozzi, rendez-vous, donc, dans les salles de cinéma où, cet été comme chaque année en France, ressortiront de nombreux classiques. Les bobines du Samouraï, de Jean-Pierre Melville (le 28 juin), d’Hier, aujourd’hui et demain, de Vittorio de Sica (le 26 juillet), ou l’œuvre de Jean Eustache (La Maman et la Putain, Une sale histoire) sont passées entre les mains des spécialistes qui restaurent environ 200 films par an.
Ses clients, des institutions publiques (cinémathèques et filmothèques), des studios (Pathé, Sony, Warner ou la MGM) ou des fondations culturelles privées (comme la Film Foundation ou le World Cinema Project de Martin Scorsese), le sollicitent pour sauver de l’obsolescence des classiques (La Dolce Vita, Shoah, A bout de souffle, Easy Rider…) et des raretés tombées dans l’oubli, comme Les Maîtres du temps (1982), un film d’animation dessiné par Moebius (et avec l’écrivain Jean-Patrick Manchette aux dialogues) qui a été présenté fin juin au festival de Bologne.
Il voit plusieurs longs-métrages par jour
Le premier film qu’il a restauré, Davide Pozzi ne l’oubliera jamais. C’était Nana (1926), de Jean Renoir. « C’est comme un premier amour », confie-t-il. S’il fréquente au quotidien les maîtres du septième art, vivants et morts, Davide Pozzi n’était en rien destiné à cette carrière tout à côté des feux de la rampe.
Né dans un petit village sur les bords du lac Majeur, dans le nord de l’Italie, il découvre le cinéma au lycée. Un professeur de philosophie et d’histoire projette régulièrement des films à la classe, éveillant son intérêt pour la technique du septième art. La salle obscure, elle, arrive plus tard, quand il part étudier l’histoire du cinéma à Bologne, puis lors d’une année d’Erasmus à Paris. « J’habitais vers la gare de Lyon et, grâce à la ligne 14 du métro, qui venait d’être inaugurée, j’étais à un arrêt du Forum des images, aux Halles. »
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