Dossier

Accompagner les industriels vers le «zéro plastique inutile »

Si le plastique ne peut pas être remplacé partout, il existe encore une grande marge de manœuvre pour réduire son utilisation. Des progrès restent également à faire en matière de tri et de recyclage.


Aux « 3 R » que l’on retrouve dans toutes les politiques de déchets, notamment dans la Stratégie nationale pour la Réduction, le Réemploi et le Recyclage des emballages plastiques à usage unique, Hélène Bortoli-Puig, cheffe du service Écoconception et Recyclage de l’ADEME, ajoute volontiers les «3 S » de la Sobriété, de la Souveraineté et de la Santé. « Les emballages représentent 46 % du gisement de plastiques en France. Si nous souhaitons être efficaces, nous devons aussi nous intéresser aux 54 % restants, en travaillant sur une offre de produits à moindre impact environnemental. À l’ADEME, nous accompagnons les fabricants de tous secteurs vers une réduction de leur consommation de matières premières, vierges ou recyclées, en mettant en avant ces trois enjeux essentiels que sont la sobriété, la souveraineté et la santé », explique-t-elle.

Une démarche d’écoconception

Publié le 27 mars 2023, le Plan national de prévention des déchets 2021-2027 fait de l’écoconception des produits son premier axe d’intervention. Celui-ci consiste à demander aux fabricants de réduire la quantité de matière utilisée, d’augmenter l’incorporation de matériaux recyclés, d’allonger la durée de vie des produits, de faciliter leur réemploi, leur réutilisation et leur recyclage et de limiter l’emploi de substances toxiques pour l’homme ou l’environnement. « Il s’agit de questionner à la fois l’utilité et l’impact des matières, afin d’en utiliser le moins possible. Il faut se demander systématiquement, pour chaque produit, quelle quantité et quelle qualité de plastique sont indispensables, en s’appuyant sur la méthode de l’analyse de cycle de vie (ACV), un outil multicritère standardisé », indique Hélène Bortoli-Puig.

Maîtrise des approvisionnements

La filière plastique est caractérisée par une grande variété de résines, nécessitant chacune une filière de recyclage spécifique. « Les différentes résines, vierges ou recyclées, sont plus ou moins accessibles, plus ou moins chères, plus ou moins traçables, et de plus ou moins bonne qualité. Avoir une filière française et européenne du recyclage garantit une visibilité sur les approvisionnements et offre une meilleure traçabilité environnementale », poursuit cette responsable à l’ADEME. Cette filière est en pleine expansion : selon Plastics Europe, l’association européenne des producteurs de plastiques, entre 2006 et 2020, la quantité de plastique recyclé en France a augmenté de 88 %, pour atteindre un taux de recyclage de 25 % *. Un chiffre qui reste en deçà de la moyenne européenne (35 %). Le Syndicat national des régénérateurs de matière plastique (SRP) pointe notamment la faiblesse des taux de collecte.
Mais le recyclage du plastique se heurte aussi à un obstacle technologique : certains produits complexes ne sont actuellement pas recyclables, du moins par les procédés mécaniques conventionnels. « Le recyclage chimique, qui permet de revenir à la molécule plastique de base, est en train de changer la donne et de donner accès à une ressource de grande qualité, même si elle ne doit pas faire oublier les efforts nécessaires à réaliser en matière de réduction et d’écoconception », souligne Hélène Bortoli-Puig.

Une réduction des pollutions

L’air, l’eau et les sols sont aujourd’hui touchés par la pollution plastique, dont les impacts sur la santé humaine restent à évaluer précisément. « Pour l’ADEME, l’enjeu est de limiter la diffusion des plastiques dans l’environnement. Des mesures comme l’allongement de la durée de vie des produits y contribuent, aux côtés de la réduction, du réemploi et du recyclage. Nous accompagnons donc aussi les fabricants dans l’élaboration et le déploiement d’un indice de durabilité », détaille Hélène Bortoli-Puig. D’ores et déjà, des mesures s’attachent à réduire les pollutions. Ainsi, à compter du 1er janvier 2025, tous les lave-linge neufs seront dotés d’un filtre pour retenir les microfibres plastiques tandis que l’année suivante, les microplastiques seront prohibés dans tous les produits cosmétiques rincés, comme les shampoings ou les gels douche. « Il n’est pas possible de supprimer le plastique, qui restera largement employé dans de très nombreux secteurs d’activité. Tout l’enjeu est d’en avoir un usage sobre et responsable, tant du côté des fabricants que du côté des consommateurs », conclut la cheffe du service Écoconception et Recyclage de l’ADEME.

*Plastics – The Facts 2022.

Objectif Recyclage MATières 

L’appel à projets « Objectif Recyclage MATières » (ORMAT), du Fonds économie circulaire de l’ADEME, s’adresse aux acteurs de la filière du recyclage : préparateurs en charge du surtri, c’est-à-dire de la séparation des différents types de déchets déposés dans la poubelle jaune, régénérateurs produisant les matières premières de recyclages (MPR), transformateurs incorporant ces matières dans leurs produits. De l’étude à l’outil industriel, du diagnostic à l’augmentation de la performance, ORMAT finance l’augmentation de la production de matières plastiques recyclées de qualité et favorise l’emploi croissant de ces matières dans les produits, en remplacement des résines vierges. L’appel à projets est ouvert jusqu’à l’automne 2023.

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