Quelques jours seulement après la fin des épreuves écrites du bac, organisées pour la première fois selon le calendrier de la réforme Blanquer, le ministère s’interroge: et si l’examen devait être (encore) aménagé? Une question qui s’impose après la forte démobilisation des lycéens, constatée dès le mois d’avril.

Que l’année scolaire se finisse si tôt sur certaines épreuves est plutôt un problème. J’ai demandé des aménagements pour que le nouveau bac corresponde plus à nos besoins. 

Emmanuel Macron, président de la République.

«Il faut reconquérir le troisième trimestre. Pour l’année prochaine, nous avons absolument besoin de changer les choses, la situation actuelle ne convient pas», expliquait Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, interrogé sur France 2 il y a quelques jours. Pour cause, le calendrier pensé en 2019 n’a cessé de décevoir. En effectuant leurs deux épreuves de spécialités en mars, les terminales ont pu connaître leurs notes dès le mois d’avril. De quoi leur permettre de calculer facilement les notes minimales à obtenir en philosophie et au grand oral pour obtenir le bac sans trop de travail ou de stress. Et si l’objectif initial de ces épreuves prématurées était surtout d’intégrer ces notes sur Parcoursup, il en résulte une forme de détachement récurrent: ayant déjà reçu leurs affectations pour l’année suivante, les lycéens n’ont plus ni l’envie ni le besoin d’aller en cours. Ce sentiment de vacances avant l’heure s’est d’ailleurs rapidement illustré par un taux d’absentéisme recors en cours, dès le mois d’avril.

Redonner son importance au troisième trimestre

Un constat partagé par Emmanuel Macron lors de sa visite à Marseille. «Qu’il y ait plus de contrôle continu est plutôt une bonne chose, que l’année scolaire se finisse si tôt sur certaines épreuves est plutôt un problème. J’ai demandé des aménagements pour qu’à partir de la rentrée prochaine le nouveau bac corresponde plus à nos besoins», a notamment informé le président de la République.

Plusieurs leviers ont été activés pour penser ces modifications. Le ministre de l’Éducation aurait notamment nommé William Marois, ancien recteur d’académie, pour une mission consacrée à la période clé du troisième trimestre. Le comité de pilotage de la réforme, coprésidé par Jean-Charles Ringard et Pierre Mathiot, devrait quant à lui rendre quelques conclusions afin d’orienter les décisions.

Les coefficients pourraient être modifiés

À quoi pourraient donc ressembler ces «aménagements»? Il faudra attendre le mois de septembre pour obtenir des annonces à ce sujet. D’ici là, Pap Ndiaye a déjà évoqué les pistes qui ne seraient pas envisagées. À commencer par le fait de dévoiler publiquement les notes de spécialité à la fin de l’année scolaire, plutôt qu’au mois d’avril. «On ne va pas faire attendre les familles pendant des mois», a-t-il expliqué sur France 2.

Autre piste possible: rééquilibrer les coefficients entre les épreuves de spécialité et celle de philosophie ou du grand oral. Actuellement, les premières comptent pour 32% de la note finale (avec un coefficient de 16 chacune) tandis que la philo et le grand O ont un coefficient de 8 et 10 respectivement. «Notre matière est devenue insignifiante aux yeux des élèves. Son coefficient 8 est dérisoire face aux spécialités», déplorait notamment Marie Perret, présidente de l’association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (APPEP), auprès du Figaro Étudiant il y a quelques semaines. Réduire l’écart entre ces matières pourrait donc réinjecter un peu d’enjeux et d’engouement lors des cours de philosophie.

Le gouvernement pourrait également songer à repousser les épreuves de spécialité en fin d’année, quitte à ce qu’elles ne soient plus prises en compte sur Parcoursup. Une solution qui ne conviendrait pas du tout à France Universités, qui regroupe l’ensemble des présidents d’universités. «Décaler ces épreuves serait extrêmement problématique pour nous, car les notes obtenues nous sont essentielles dans la sélection. Elles mettent tous les lycéens sur un pied d’égalité, peu importe le lycée d’origine. Il faut bien sûr faire comprendre que le 3e trimestre est essentiel, mais pas de cette façon», tranche Guillaume Gellé, président de France Universités.