Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les Etats-Unis, au-delà de la discrimination positive

Mise en place dans les années 1960 pour corriger les inégalités raciales aux Etats-Unis, la politique de discrimination positive pour l’accès aux universités a été annulée le 29 juin par la Cour suprême. « Le Monde » a réuni deux intellectuels américains qui développent des points de vue opposés sur cette thématique cruciale.

Par 

Publié le 07 juillet 2023 à 07h30, modifié le 07 juillet 2023 à 07h30

Temps de Lecture 2 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

Il y a près de soixante ans, le président des Etats-Unis Lyndon B. Johnson résumait dans un discours historique prononcé en 1965 à l’université noire Howard (Washington, DC) l’esprit de ce que l’on commençait à appeler affirmative action (« discrimination positive », en français) : un ensemble de mesures, dont les quotas, visant à assurer l’accès des Afro-Américains, libérés l’année précédente des lois de la ségrégation, à l’emploi et à l’éducation supérieure. « On ne peut pas prendre une personne qui, pendant des années, a été entravée par des chaînes, la libérer, l’amener sur la ligne de départ d’une course et lui dire : “Vous êtes libre de concourir avec tous les autres”, tout en continuant à croire que l’on a été complètement juste », expliquait alors le président démocrate. Depuis lors, des politiques de préférences raciales dans les universités ont été pratiquées, selon des modalités diverses. Or, le 29 juin, la Cour suprême américaine a mis fin à ces pratiques de discrimination positive. A une majorité de six voix contre trois, les juges ont considéré que l’affirmative action contrevenait au 14e amendement de la Constitution américaine, qui garantit une protection égale à tous devant la loi.

Pour faire le bilan de l’affirmative action, encore faudrait-il s’accorder sur ce qu’était son objectif. Car, après avoir été conçue comme une forme de réparation due aux descendants d’esclaves, l’affirmative action a été reformulée en 1978 – après un arrêt de la Cour suprême qui mettait fin aux quotas – comme la garantie d’une « diversité » qui serait bénéfique au corps étudiant dans son ensemble. Mais de quelle diversité parle-t-on ? La réponse s’est complexifiée avec le temps. La société américaine a radicalement changé. Les minorités qui composent la population américaine d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles étaient dans les années 1960. Un demi-siècle après sa mise en place, les Noirs qui bénéficient des mesures de discrimination positive ne sont plus, en grande partie, des descendants d’esclaves, mais des enfants d’immigrés volontaires d’Afrique et des Caraïbes, arrivés après 1965. Ils ne sont plus, en majorité, issus des classes populaires. Les Asiatiques, sous-représentés dans les universités d’élite au regard de leurs performances scolaires, sont venus encore compliquer la question morale posée par la discrimination positive. A plusieurs reprises, certains ont porté plainte – comme l’ont fait aussi des étudiants blancs – contre des universités qui leur avaient refusé l’admission, au motif qu’elles privilégiaient à leurs dépens des candidats noirs ou hispaniques aux résultats moins bons. La discrimination positive se serait, en quelque sorte, retournée contre eux. Ils ont cette fois eu gain de cause.

Il vous reste 36.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.