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Educateur de rue, un métier en crise, en première ligne dans les quartiers populaires

Les professionnels du secteur s’interrogent sur l’avenir d’une profession qui souffre depuis plusieurs années d’un problème d’attractivité, alors que « la colère est toujours présente » dans les quartiers.

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Publié le 15 juillet 2023 à 12h00, modifié le 15 juillet 2023 à 16h58

Temps de Lecture 5 min.

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Un tag dans le quartier du Petit Nanterre, à Nanterre, le 13 juillet 2023.

Il a fallu laisser passer les premiers jours de colère avant de pouvoir reprendre un dialogue plus apaisé avec les jeunes. Depuis les révoltes dans les quartiers populaires après la mort de Nahel M. le 27 juin, tué par un policier, les éducateurs de prévention spécialisée, plus communément appelés « éducateurs de rue », sont en première ligne pour gérer la crise.

« Tous les jours, nos équipes discutent avec les jeunes, pour les faire réfléchir à leurs actes et leurs responsabilités, sans être non plus dans un discours frontal et moralisateur car on ne veut pas casser ce lien qu’on a avec eux », témoigne Damien Henique, ancien éducateur de rue et aujourd’hui chef de service à l’association Les 4 Chemins à Nanterre, en plein quartier Pablo-Picasso. Un jeu d’équilibriste pour un métier de l’ombre encore assez méconnu qui souffre depuis plusieurs années d’une importante crise d’attractivité.

Répondant à une mission de protection de l’enfance pilotée et financée par les départements, les structures de prévention spécialisée opèrent surtout dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville pour accompagner les jeunes entre 11 et 25 ans « en voie de marginalisation » et pouvant avoir des conduites à risque (rixes, consommation d’alcool ou drogue, prostitution). Selon le Comité national de liaison des acteurs de la prévention spécialisée (CNLAPS), réseau national de la profession, on compte moins de 4 000 éducateurs de rue en France aujourd’hui.

Pourtant, le métier répond à la définition même de « l’aller vers », dans ces territoires où la fonction publique a peu à peu disparu et où la méfiance envers les institutions s’est aggravée. Toujours en binôme, les éducateurs spécialisés traînent dans les quartiers, les escaliers, les halls d’immeubles, les appartements des familles ou devant les établissements scolaires pour « accrocher » les jeunes détachés de toutes les institutions. « Il y a une perte de confiance vis-à-vis de l’adulte dans ces territoires. On essaye d’être cette nouvelle figure symbolique sur laquelle le jeune peut s’appuyer », confie François Souret, directeur général adjoint du groupe Addap13, seule association de prévention spécialisée dans les Bouches-du-Rhône avec 140 éducateurs.

« Courroie de transmission »

Toutes les structures insistent néanmoins sur la libre adhésion du jeune à collaborer, la possibilité pour lui de garder l’anonymat, le secret professionnel des encadrants et surtout l’importance de travailler en partenariat avec d’autres structures. « On n’est pas des spécialistes de l’emploi, de la santé ou de l’éducation. On est juste des spécialistes du lien. On n’a pas pour vocation à remplacer ce qui existe. On fait office de courroie de transmission entre les jeunes qu’on récupère dans la rue et les autres dispositifs sociaux », reprend François Souret, lui aussi éducateur pendant vingt ans.

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