Misez sur des plages proposant des activités pour occuper vos enfants durant les vacances.

Emmanuel Macron a demandé ce 28 juin à son gouvernement de travailler à une refonte des vacances d'été et du temps scolaire sur l'année.

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Oui / "La coupure estivale accroît les inégalités"

Par Marie Duru-Bellat, professeure émérite à Sciences Po et chercheuse au Centre de recherche sur les inégalités

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Avant même de se poser la question de savoir s’il faut ou non raccourcir les vacances d’été, il faudrait déjà commencer par respecter la date officielle d’arrêt des cours. Cette année, celle-ci est fixée au 8 juillet. Or on sait bien qu’à cause de l’organisation des examens, l’absence de professeurs détachés pour corriger les copies du brevet et du bac, la démotivation des élèves de terminale qui ont passé leurs épreuves de spécialité en mars dernier, les salles de classe ont été désertées très tôt. Ce qui est un vrai problème !

Par ailleurs, il me semblerait en effet judicieux de réduire de quinze jours cette longue période estivale de congés. L’argument essentiel étant que, selon toutes les études réalisées sur le sujet, les enfants oublient une partie de ce qu’ils ont appris pendant l’année lorsqu’ils restent éloignés aussi longtemps de l’école. Ce qui contribue à accroître les inégalités scolaires déjà très importantes dans notre pays car on sait très bien que les élèves qui en pâtissent le plus sont ceux issus des milieux les plus défavorisés. Les parents, eux-mêmes, en ont bien conscience. D’ailleurs ce n’est pas par simple effet de mode que les cahiers de vacances se vendent si bien.

Rogner sur les vacances d’été permettrait aussi de desserrer un peu les contraintes de temps durant l’année. Dès le mois de septembre la course commence, les enseignants se plaignent d’avoir du mal à boucler les programmes et les élèves sont sous pression en permanence. On gagnerait donc à mieux répartir sur l’année les heures d’enseignement. Et arrêtons de vouloir organiser les temps scolaires en fonction des désirs des familles, de l’industrie du tourisme, ou des professeurs qui verraient d’un mauvais œil cette réduction de leur temps de vacances. Ne perdons pas de vue que la qualité des apprentissages doit primer sur le reste.

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Non/ "Ce ne serait pas rendre service à certains parents"

Par Claire Leconte, psychologue, spécialiste des rythmes de l’enfant et de l’adolescent

Le fait de diminuer la pause estivale engendrerait plus d’inconvénients que de bénéfices. Je pense notamment aux parents séparés qui sont de plus en plus nombreux en France : si l’on veut que le père et la mère aient chacun trois semaines et que les grands-parents puissent également voir leurs petits-enfants, ces deux mois sont nécessaires. Je ne suis pas non plus d’accord avec l’idée que cela permettrait de réduire les inégalités. Certaines familles prennent le temps de se retrouver durant l’été, de faire des jeux de société ensemble ou des activités autres que scolaires. Ces différentes formes d’apprentissage leur serviront également toute leur vie.

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Et puis, selon les territoires, la période estivale peut être synonyme de grosses chaleurs. Or faire cours dans une salle où la température affiche plus de 30 °C n’est pas supportable. En revanche, j’insiste sur l’importance de se remettre dans le rythme de l’école dès le 15 août c’est-à-dire d’inciter son enfant à se coucher à la même heure que durant le reste de l’année pour être resynchronisé dès la rentrée.

Si les congés d’été ne me paraissent pas trop longs, il me paraît toutefois indispensable de revoir le temps des petites vacances scolaires organisées sur quatre fois deux semaines. Nous sommes le seul pays au monde à fonctionner ainsi. Et pour cause ! Cela perturbe totalement les rythmes biologiques de l’enfant qui va, à chaque fois, mettre plusieurs jours à se remettre de cette longue pause et à se recaler sur le temps de l’école. De même, il faudrait respecter partout le rythme de quatre jours et demi par semaine. Certaines écoles françaises n’ont que 140 jours dans l’année pour réaliser les programmes. Alors que dans d’autres pays, les enseignants disposent de 180 à 200 jours pour tout faire. Une différence énorme qui appauvrit les apprentissages.

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