Une consigne pour les bouteilles plastique en France? Le gouvernement relance le débat

Carbios espère capter entre 4 et 8 % du marché du PET recyclé d'ici 2030

afp.com/Thierry ZOCCOLAN

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A la fois bénédiction et fléau des temps modernes, le plastique est omniprésent dans notre environnement, au sens propre comme au sens figuré. Comme l’être humain n’a manifestement pas l’intention de s’en passer, des ingénieurs planchent sur toutes sortes de façons d’en réduire l’impact. En France, c’est Carbios qui porte une partie des espoirs d’un plastique à empreinte améliorée. L’entreprise clermontoise, entrée en Bourse fin 2013, est régulièrement mise en avant dès qu’il s’agit d’illustrer les acteurs de la chimie dite verte, avec les hauts et les bas que connaît ce type d’entreprise innovante en début de vie. Depuis le printemps 2023, elle est entrée dans une nouvelle phase qui doit lui permettre de faire passer ses innovations du stade de la démonstration à celui de l’industrialisation. C’est ce qui lui vaut d’être sous le feu de nos projecteurs.

Carbios a développé et breveté deux procédés à base d’enzymes. L’un dépolymérise le plastique des bouteilles et des emballages (polytéréphtalate d’éthylène, ou PET), de même que celui des textiles (polyester), pour obtenir des composants de base nécessaires à la production d’un PET recyclé de haute qualité. L’autre rend biodégradables et compostables à température ambiante des plastiques d’origine végétale. L’entreprise propose donc à la fois du recyclage infini et de l’intégration environnementale parfaite. La réalité, bien sûr, est beaucoup plus compliquée que cela, mais disons que la recherche de Carbios est à même de créer une filière de production-recyclage plus efficace qu’elle ne l’est actuellement. Par exemple, pour un fabricant de produits de grande consommation qui voudrait s’en donner la peine.

Pression réglementaire et populaire

Dans un premier temps, les industriels utilisateurs de matière plastique ont regardé d’un œil distrait les sociétés qui s’aventuraient sur ce terrain. Sans réelle pression réglementaire ou populaire, ils n’avaient guère de raisons de changer leurs habitudes. Mais les choses ont commencé à évoluer au cours de la dernière décennie. Chez Carbios, ce changement de paradigme s’est concrétisé par les entrées au capital de L’Oréal, Michelin et L’Occitane. Les trois industriels ont monté des projets pilotes avec la jeune pousse, tout en la finançant avec leurs branches de capital-risque. Ces belles signatures ont contribué à crédibiliser les innovations de Carbios, qui profite aussi d’une concurrence clairsemée dans le domaine du recyclage biologique, alors que le recyclage chimique est nettement plus… embouteillé.

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Une nouvelle usine dans le Grand Est

Cette année, une nouvelle marche est en passe d’être franchie, à travers l’annonce récente de la construction d’une usine de biorecyclage du PET, dans la région Grand-Est, avec le chimiste Indorama, leader mondial du PET et originaire de Singapour comme son nom ne l’indique pas. Ce site, qui nécessite 230 millions d’euros d’investissements, commencera à tourner en 2025. A terme, il permettra de traiter 50 000 tonnes de déchets PET par an, ce qui équivaut à 2 milliards de bouteilles. C’est un basculement majeur pour Carbios, qui va commencer à générer des revenus d’activité réguliers. Mais l’objectif ultime de la direction n’est pas d’opérer des sites de traitement. Non, il s’agit plutôt de vendre des licences d’exploitation de ses technologies à des industriels. Une activité nettement plus lucrative et moins gourmande en capitaux.

L’autofinancement est attendu en 2026

Carbios espère capter entre 4 et 8 % du marché du PET recyclé d’ici 2030, et 8 % à 12 % avant 2035. Le management s’appuie sur les performances remarquables de ses enzymes, qui dépassent largement les modèles académiques, pour annoncer des rendements capables de séduire une clientèle jusqu’ici effrayée par les surcoûts potentiels. Si tout se passe comme prévu, le cap de l’autofinancement devrait être atteint en 2026 et les bénéfices devraient croître progressivement par la suite. L’entreprise clermontoise en est encore au stade des promesses, mais le projet Indorama lui permet de franchir un palier supplémentaire en confortant son image de pionnier.

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