Ils sont une poignée de doyens à avoir dérogé à la règle. En 2020, à Créteil, Strasbourg et Caen, ces professeurs d’université-praticiens hospitaliers ont appliqué à leur manière la réforme de l’entrée dans les études de santé pour mieux, affirment-ils, répondre à ses ambitions.
Lorsque Emmanuel Macron annonce, en 2018, sa volonté de supprimer le numerus clausus pour former davantage de professionnels de santé, le chef de l’Etat décide de mettre fin à la première année commune aux études de santé (Paces) qui générait depuis dix ans un échec massif d’étudiants recalés au concours d’accès en deuxième année, sans autre perspective que de redémarrer de zéro leurs études.
Le chambardement est total : à la rentrée 2020, les facultés de santé sont invitées à mettre en place deux nouvelles voies d’accès. D’une part, les parcours d’accès santé spécifique (PASS) et d’autre part, les licences avec accès santé (L.AS). Ces filières rénovées offrent aux étudiants la possibilité de candidater deux fois pour passer en deuxième année de médecine, pharmacie, maïeutique ou odontologie. Même en cas d’échec, le système a prévu un double cursus dans une autre licence (sciences, droit, économie, psychologie, etc.) pour jouer le rôle de parachute.
La réforme visait aussi à montrer l’apport des « humanités » face aux maladies chroniques, au vieillissement de la population, à la révolution de l’intelligence artificielle. Objectif : former un bon scientifique qui sache aussi être à l’écoute de ses patients et être conscient des enjeux sociaux et environnementaux.
« Former des gens plus heureux »
C’est tout particulièrement cet aspect qui a retenu l’attention de quelques doyens, plus motivés que d’autres à l’idée de diversifier les profils des futurs soignants : les L.AS sont un outil pour y parvenir, bien plus que le PASS, qui ressemble à s’y méprendre à l’ancienne Paces, soutiennent-ils.
Pour faire des études de médecine, Sofian Alexandre-Colle a d’ailleurs ciblé une L.AS plutôt qu’un PASS. « Je pense que je n’aurais pas été admis en PASS, relate l’étudiant en L.AS sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) à Grenoble, titulaire d’un bac économique et social en 2019 et engagé chez les pompiers de Paris. Mon profil collait bien plus avec une L.AS. » Celle-ci constitue parfois aussi un passage vers la réussite, comme pour Rony Alamhwi à l’université de Tours : après avoir raté son année de PASS, il intégrera à la rentrée 2023, la deuxième année de pharmacie à l’issue d’une L.AS sciences de la vie.
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