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Décryptage

Parcoursup : les filles et les élèves défavorisés s'autocensurent davantage

Sur Parcoursup, les filles et les lycéens d'origine sociale défavorisée sous-estiment leur niveau, affirme une étude de l'Institut des politiques publiques. Ce manque de confiance en soi entraîne des choix moins ambitieux sur la plateforme, qu'il serait pourtant facile de corriger, selon les chercheurs.

Jusqu'au 12 septembre, une phase complémentaire permet aux candidats de formuler de nouveaux voeux pour des formations disposant de places vacantes.
Jusqu'au 12 septembre, une phase complémentaire permet aux candidats de formuler de nouveaux voeux pour des formations disposant de places vacantes. (Mourad Allili/SIPA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 20 juil. 2023 à 08:52

Alors que la phase principale de Parcoursup vient de se terminer, une étude éclaire le besoin de faire évoluer la plateforme, pour lutter contre les biais sociaux et de genre en matière d'orientation.

Les chercheurs de l'Institut des politiques publiques (IPP) viennent de publier une note qui met en lumière le rôle clé de la confiance en soi dans les choix d'orientation des élèves dans l'enseignement supérieur. L'enquête a été conduite en 2021, auprès de plus de 2.000 élèves, quelques semaines avant qu'ils ne saisissent leurs voeux sur Parcoursup.

Sous-estimation ou surestimation

Pour classer les candidats, la plupart des formations s'appuient principalement sur les notes de contrôle continu de première et de terminale, rappelle l'étude. Et donc, « la perception que les élèves ont de leur rang à l'échelle nationale dans la distribution des notes de contrôle continu » peut être déterminante pour leurs choix de candidatures.

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Les chercheurs de l'IPP ont demandé aux élèves sondés, trois semaines avant la date limite de dépôt des voeux sur Parcoursup, quelle était leur moyenne générale au premier trimestre de terminale. Ils les ont interrogés, au vu de cette moyenne, sur ce qu'ils pensaient de leur rang dans la distribution des notes à l'échelle nationale. Et ils ont ensuite comparé le rang perçu avec le rang réel. Certains sous-estiment leurs performances relatives, d'autres se surestiment.

Des choix d'orientation moins ambitieux

« Deux faits frappants émergent », selon l'étude. Les bons élèves ont tendance à sous-estimer leur rang et manquent de confiance en eux, alors que les moins bons ont tendance à surestimer leur rang et à faire preuve d'excès de confiance.

Parmi ceux qui manquent de confiance figurent des filles et des élèves d'origine sociale défavorisée. « Parmi les élèves qui ont une moyenne supérieure à 16, les filles se perçoivent en moyenne comme étant situées 8,3 rangs plus bas que les garçons. » C'est la même chose pour les élèves d'origine sociale défavorisée, qui « pensent qu'ils se situent 4,7 rangs plus bas que ceux d'origine sociale plus favorisée ».

Ce manque de confiance va les conduire à faire des choix d'orientation moins ambitieux. Et va réduire leurs chances d'intégrer les formations les plus prestigieuses et sélectives.

« Corriger les écarts »

Mais il est possible de « corriger les écarts de choix d'orientation des élèves », soulignent les auteurs. Après avoir indiqué aux élèves leur position réelle dans la distribution nationale des moyennes générales de terminale au moment de leurs candidatures, leur perception change.

« Pour les élèves qui sous-estiment initialement leur rang, cette information corrige à la hausse leur perception de rang » et, inversement, « pour les élèves qui surestiment initialement leur rang, elle corrige leur perception à la baisse ». De fait, les élèves qui connaissent leur rang réel font des voeux qui correspondent davantage à leur niveau réel.

Informer les élèves sur leur rang réel réduirait donc les inégalités sociales et de genre aux filières les plus sélectives de l'enseignement supérieur, conclut l'étude. Elle augmenterait « fortement » la probabilité que les très bons élèves d'origine sociale défavorisée se portent, par exemple, candidats à une classe préparatoire et à des formations sélectives. Et « leurs chances d'admission augmentent également lorsqu'ils sont informés sur leur rang ».

Simple et peu coûteux

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La conclusion vaut aussi pour les filles : en l'absence d'information sur leur rang, la probabilité pour elles d'intégrer une classe préparatoire est inférieure de 28 points à celle des garçons, alors que l'écart se réduit à 7,8 points lorsqu'elles ont connaissance de leur position réelle dans la distribution des moyennes générales de terminale.

Cette intervention simple serait « peu coûteuse » et « facile à mettre en oeuvre » pour lutter contre l'autocensure sur Parcoursup, concluent les auteurs.

« On partage l'objectif, on travaille à la lutte contre les biais d'orientation », assure-t-on dans l'entourage de la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau. Où l'on se dit néanmoins « prudent » quant à la méthode suggérée dans l'étude. « Il ne faudrait pas brimer certains jeunes », en l'occurrence ceux qui sont considérés comme ayant un excès de confiance en eux. « Il faut qu'il n'y ait que des gagnants. »

Marie-Christine Corbier

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