“Google procède actuellement à des tests sur un produit novateur exploitant une intelligence artificielle (IA) pour produire des articles”, a révélé The New York Times le mercredi 19 juillet. Selon des sources proches du dossier citées par le quotidien, le géant de la tech a présenté cet outil spécialisé, baptisé Genesis, à des organes de presse “influents”, tels que The New York Times, The Washington Post et News Corp, propriétaire notamment du Wall Street Journal.

Genesis a été conçu en interne pour collecter des informations, et générer automatiquement du contenu d’actualités. Google envisage cette technologie comme un potentiel assistant pour les journalistes, “automatisant certaines tâches afin de leur libérer du temps pour qu’ils se concentrent sur d’autres aspects de leur métier”, précise le New York Times.

Répondant à certaines inquiétudes légitimes, l’entreprise voit également en Genesis une occasion de guider l’industrie du journalisme “vers une utilisation responsable de l’IA, évitant les écueils liés à la génération automatique de contenus”, note le quotidien.

OpenAI aussi sur le créneau

Dans un communiqué publié par le site d’information technologique The Verge, une porte-parole de Google, Jenn Crider, a affirmé que l’entreprise était “en phase d’exploration avec des éditeurs de presse, en particulier les plus petits”, pour proposer “des outils compatibles avec l’IA afin d’assister les journalistes dans leur travail”.

Elle a également souligné que “ces outils ne visaient pas à remplacer le rôle essentiel des journalistes dans le processus de collecte d’informations, la création de contenus et la vérification des faits”. Au contraire, ils fourniraient des “options” pour faciliter certaines tâches éditoriales, comme la rédaction de la titraille et l’édition.

Le nouvel outil de Google arrive alors qu’OpenAI, la société mère de ChatGPT, conclut ses propres “partenariats” avec des médias, relate Vanity Fair. L’agence Associated Press (AP), qui automatise déjà certaines tâches grâce à des outils d’IA depuis bientôt dix ans, a ainsi été l’une des premières à signer un accord de deux ans avec OpenAI : elle concède ses archives textuelles dans le but former les algorithmes d’IA de l’entreprise, en échange de quoi elle bénéficiera de l’accès à la technologie d’OpenAI et à son expérience en la matière. Cet accord a suscité l’intérêt d’autres acteurs du journalisme, qui sont en pourparlers avec le leader du secteur.

Des journalistes inquiets

CNN Business se penche sur les “inquiétudes” que cette nouvelle technologie suscite parmi les journalistes, qui craignent qu’une automatisation excessive de leur travail en compromette la qualité et l’intégrité. Notamment en raison de la tendance des IA génératives (comme ChatGPT ou Bard, l’outil généraliste développé par Google) à se tromper sur les faits, voire à les “imaginer”.

CNN rappelle que le site Cnet a dû procéder à des corrections “substantielles” plus tôt cette année après avoir expérimenté un outil d’IA pour la rédaction d’articles. Une simple frise chronologique des différents films de la saga Star Wars, publiée par le blog spécialisé dans les nouvelles technologies Gizmodo, s’était révélée truffée d’erreurs.

Gizmodo, justement, évoque un rapport sur l’état des médias publié en mai, pour lequel 3 100 journalistes provenant de 17 pays ont été interrogés sur ce qu’ils pensaient de l’utilisation de l’IA dans les salles de rédaction. Il en ressort que plus de la moitié des personnes sondées (58 %) se disent préoccupées par “l’exactitude des informations”, “les biais” induits par la technologie, et la difficulté croissante à discerner “les faits de l’opinion”.

Les journalistes, comme de nombreux autres professionnels, ont également des craintes quant à la pérennité de leur emploi. La chaîne de télé NBC News évoque ainsi une récente étude publiée par l’Organisation de coopération et de développement économiques, un groupe intergouvernemental, qui estime à 27 % la proportion d’emplois fortement menacés par cette nouvelle automatisation.