Clermont-Ferrand fait coup double. Dimanche 23 juillet, le Tour de France Femmes débutera par une boucle qui commence et s’achève dans la ville auvergnate, qui sera encore le point de départ de la deuxième étape, le lendemain, vers Mauriac (Cantal). De quoi marquer la jeune histoire de la version féminine de la Grande Boucle, relancée en 2022 après avoir existé sous diverses appellations, et associer ainsi le nom de la préfecture du Puy-de-Dôme à la promotion du cyclisme féminin.

Un aboutissement dont les prémices remontent à la crise du Covid, comme en témoigne Christine Dulac-Rougerie, première adjointe au maire de la ville Olivier Bianchi, chargée de l’attractivité du territoire, du tourisme, des sports et des grands événements : « Lorsque Olivier Bianchi a reçu Christian Prudhomme (le directeur du Tour de France, NDLR) en 2020, des bruits couraient déjà quant à la possibilité de voir renaître, un jour, le Tour de France féminin », se remémore-t-elle.

Le premier édile s’était alors positionné pour accueillir la renaissance de l’épreuve. « Le fait est que face à Paris, l’année dernière, nous ne pouvions pas rivaliser, relate Christine Dulac-Rougerie, mais Clermont-Ferrand a été choisie pour cette deuxième édition, après de belles négociations. »

« Rétablir une certaine équité des subventions »

La ville, qui vient déjà d’accueillir une journée de repos du peloton masculin, a une longue histoire avec le cyclisme. Au-delà de la compétition, Clermont-Ferrand a d’ailleurs obtenu en mai dernier le label « Ville à vélo » remis par les organisateurs de la Grande Boucle. Une distinction pour les 360 kilomètres de pistes cyclables prévues à l’horizon 2028. Mais l’accueil du Tour de France Femmes vient plus largement récompenser l’engagement d’associations et de politiques publiques visant à faire de la ville une référence dans le sport féminin.

« En 2020, nous avons réalisé un diagnostic et constaté à quel point il devenait nécessaire d’aider convenablement le sport féminin », explique Christine Dulac-Rougerie. Pour cette ancienne gloire du basket féminin, « l’idée générale était de rétablir une certaine équité des subventions entre le sport masculin et le sport féminin ».

« Vu le manque de visibilité et de médiatisation de ces clubs, ces derniers avaient du mal à chercher du sponsoring », confirme Florian Pitrau, président de l’association Sport Sept and Co. Celle-ci milite pour mutualiser les moyens et rapprocher les clubs de haut niveau féminins, améliorer la pratique et l’accessibilité aux jeunes sportives, mais aussi, grâce à cette mise en réseau, trouver des partenaires financiers souvent réticents à l’idée de sponsoriser un seul club.

« Notre méthode est observée à l’échelle nationale, explique Florian Pitrau. Par exemple, le volley et le hand vont jouer dans le même gymnase l’année prochaine, et nous avons déjà organisé des journées communes avec deux matchs de championnat dans la même soirée.Nous sommes arrivés à concrétiser une vraie politique pour le sport féminin sans pour autant l’opposer au sport masculin. »

À la faveur du Tour, une grande opération promotion

Clermont-Ferrand a aussi su trouver des symboles pour accompagner son évolution en ville de sport féminin. Ainsi, avant d’entraîner les Bleues jusqu’en mai 2023, l’ancienne footballeuse Corinne Diacre devenait, en 2014, la première femme française à entraîner une équipe masculine de football professionnel, Clermont Foot 63, alors en Ligue 2. « L’histoire de Corinne Diacre reste une fierté locale, comme l’est le fait de lancer le grand départ du Tour cette année, rappelle Christine Dulac-Rougerie. Mais nous devons sans cesse poser les actes et que ces derniers ne soient pas éphémères. »

Attention toutefois à ne pas crier victoire trop vite : la ville et la métropole restent « au tout début des balbutiements », avance prudemment Florian Pitrau. « Le Tour de France Femmes confirme l’importance du sport féminin pour notre territoire mais il reste tant à faire ! » La métropole prévoit d’ailleurs de profiter du départ du Tour, dimanche 23 juillet, pour mener une grande opération de promotion. Les équipes féminines de plusieurs clubs de haut niveau doivent être présentées à un parterre de partenaires, sponsors et mécènes. « On part de tellement loin », rappelle le dirigeant associatif. « Aujourd’hui, 87 % du sport à la télévision est masculin. Bon, c’était 98 % il y a cinq ans, on progresse. »