Le premier semestre 2023 est marqué par un retrait « majeur et généralisé » de la demande en matières plastiques recyclées « sur l’ensemble des secteurs », alerte la Fédération des entreprises du recyclage (Federec). L’année dernière, elle avait pourtant augmenté, au point que le prix des plastiques vierges et recyclés avait franchi la barre de 1 000 € la tonne sous l’effet conjoint de l’inflation et d’une anticipation de l’entrée en vigueur de la loi visant à incorporer 30 % de matières recyclées dans les bouteilles d’ici à 2030.

Mais depuis le début de l’année, le prix du PET (polytéréphtalate d’éthylène) vierge pétro-sourcé « a baissé de l’ordre d’un tiers, soit 600 € la tonne ». C’est dû à la baisse du prix du pétrole. Le 21 juillet, le Brent, référence du brut en Europe, s’échangeait à 79 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI, à 75 dollars – loin des sommets enregistrés en mars 2022 au début du conflit en Ukraine, près de 140 dollars.

Conséquence : les industriels favorisent de nouveau les plastiques vierges et « la demande en plastique recyclé s’effondre », explique Christophe Viant, président de la branche plastique de la Federec, qui appelle les donneurs d’ordre à « davantage de constance » dans leur engagement. De son côté, « le prix du PET recyclé en collecte sélective a reculé à 700 € la tonne », poursuit la Federec.

De nouvelles règles pour les entreprises

Pour soutenir financièrement l’intégration de matières plastiques recyclées dans les produits tout en aidant les entrepreneurs à s’équiper de machines adaptées, l’agence de la transition écologique Ademe propose une aide, baptisée Orplast.

D’autant que les règles du jeu vont bientôt changer en ce qui concerne les bouteilles, sur le marché français. D’ici à 2025, un quart du plastique recyclé devrait être incorporé dans celles en PET ; et 30 % pour l’ensemble des bouteilles en 2030. Parallèlement, l’Europe a fixé un objectif de 90 % de collecte et recyclage des bouteilles en plastique en 2029, alors que ce taux se situe actuellement à 60 % pour la France.

Le débat sur la consigne

La mise en place d’une consigne, comme en Allemagne, fait partie des pistes envisagées pour améliorer ce pourcentage. Mais cette proposition est décriée par les collectivités locales, qui craignent de perdre des revenus liés à la collecte et au tri des déchets, alors qu’ils ont procédé à d’importants investissements dans ce domaine.

Elles demandent davantage de temps pour atteindre les objectifs fixés : il n’est possible de jeter ses emballages plastiques dans la poubelle jaune que depuis le début de l’année 2023. Alors qu’un rapport sénatorial a qualifié à la mi-juillet la consigne plastique de « fausse bonne idée » – les sénateurs sont élus par les grands électeurs, issus des collectivités locales –, le gouvernement doit rendre son arbitrage à l’automne.

Une hausse du plastique produit en 2021

« Au-delà du cadre légal, l’empreinte plastique est aussi un enjeu marketing, avec une demande de plus en plus claire des consommateurs », conclut Roland Marion, spécialiste de l’économie circulaire à l’Ademe.

La directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) Nathalie Gontard avertit cependant : lorsqu’il est recyclé, le plastique revient rarement à son usage d’origine. Elle critique le recours au « décyclage » (la transformation en produit de moindre qualité) plutôt qu’un véritable recyclage. Qui ne doit de toute façon pas détourner de la recherche d’alternatives.

En 2021, 5,5 millions de tonnes de plastiques recyclés ont été réutilisées dans la plasturgie européenne, ce qui représente un taux d’incorporation de 9,9 %, en hausse d’environ 20 % par rapport à 2018. Mais dans le même temps, la France a augmenté sa production de matières plastiques de 6,1 %, bien qu’elle reste légèrement inférieure à son niveau d’avant la pandémie, selon Plastics Europe, la fédération des industriels du secteur.