ChatGPT ordinateur

Depuis l'arrivée de l'IA générative de texte ChatGPT fin 2022, certains cabinets de recrutement ont intégré le chatbot comme outil de travail au quotidien.

dpa Picture-Alliance via AFP

Dans un secteur où le rapport humain est le cœur de métier, tous les professionnels ne voient pas d’un bon œil l’arrivée d’intelligences artificielles génératives comme ChatGPT. S’ils s’opposent à l’idée d’automatiser l’ensemble de leurs tâches via l’IA, de plus en plus de recruteurs décident toutefois de s’y essayer. C’est le cas depuis six mois de Finaïa, cabinet spécialisé en banque, assurance et finance. "Un client m’envoie les caractéristiques du profil qu’il recherche. Je fais un copier-coller [dans ChatGPT], puis je lui demande une description de poste. Ça, c’est génial", se réjouit le directeur associé Charles-Eric Lecomte. A partir de ces informations, ChatGPT peut en effet rédiger bien plus vite qu’un humain une offre d’emploi détaillée.

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Au cabinet de recrutement Altaïde, centré sur les métiers de l’innovation, on souligne toutefois l’importance du choix des mots-clés envoyés à ChatGPT. "On n’attire pas des candidats de qualité s’il y a écrit 'trafic manager' tous les quatre mots", pointe son président, Jacques Froissant.

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Certains employés de ces cabinets commencent également à utiliser ChatGPT pour transformer leurs notes d’entretien en synthèses rédigées pour l’entreprise qui les sollicite. "Ça me prend 15 minutes maximum, alors que j’aurai pu y passer plusieurs heures", confie Ana Peche, consultante en recrutement. Pour cette employée du cabinet franco-portugais Eotim, ChatGPT est devenu un véritable "assistant personnel" qui lui permet d’optimiser "presque toutes les étapes de son métier". Tous soulignent malgré tout l’importance de relire le contenu produit pour éviter les erreurs.

ChatGPT aide aussi les recruteurs à affiner leur recherche du candidat idéal dans de vastes CVthèques réunissant des milliers de profils. Charles-Eric Lecomte du cabinet Finaïa utilise par exemple l’IA pour identifier, en fonction des limites de mots et des filtres des barres de recherche des plateformes, les mots-clés susceptibles de faire remonter les profils les plus pertinents.

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Autre avantage de l’IA générative de texte : sa capacité à imiter le langage humain avec précision en adoptant le ton juste même si le contexte est complexe. Dès lors, Ana Peche passe parfois par ChatGPT pour rédiger le brouillon d’un message d’approche envoyé à un candidat, "si on veut par exemple un message cordial mais qui soit également marrant."

Dans la dernière ligne droite, Jacques Froissant du cabinet Altaïde envisage même d’utiliser l’IA générative afin de rendre la sélection plus objective : "Une des problématiques du recrutement, c’est qu’il y a beaucoup de candidats qui sont écartés très tôt sur des ressentis ou parce qu’on n’a pas posé les bonnes questions." Le dirigeant sait cependant que cet outil doit être manié avec précaution car ChatGPT et ses congénères ne sont pas parfaitement neutres. Ils ont été entraînés sur des bases d’images et de textes produits par des humains qui reflètent les biais de ces derniers.

Les défauts des IA génératives rebutent d’ailleurs certaines entreprises du secteur. Pour Albane Armand, directrice régionale Ile-de-France au cabinet de recrutement Robert Half, la "dimension de conseil" du métier s’oppose à la nature automatique de l’IA. La firme se refuse également à utiliser ChatGPT pour des questions de protection des données. Autre source d’hésitation : le coût de cet outil. Si les employés de Finaïa et Eotim se contentent pour le moment de la version gratuite de ChatGPT, le cabinet Altaïde a choisi de payer 20 dollars par mois pour une version plus performante et moins bridée du chatbot. Un prix qui risque encore de monter s’il faut rendre le service accessible à toute l’entreprise. Mais l’IA semble valoir le coup pour les professionnels interrogés. Même en phase de test, ces pratiques leur permettent déjà de dégager plus de temps pour les "tâches à valeur ajoutée", selon Charles-Eric Lecomte. Si ce gain en productivité se confirme, tous ces recruteurs convertis avouent préférer en payer le prix plutôt que de revenir en arrière.

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